Sept jeunes chercheuses ultramarines lauréates du Prix Jeunes Talents France L'Oréal-Unesco – Radio 1 Tahiti

Ce mercredi 12 octobre, la Fondation L’Oréal en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’Unesco a récompensé 35 jeunes chercheuses. Parmi ces lauréats, sept jeunes doctorantes et post-doctorantes issues des outre-mer ont été sélectionnées pour leurs parcours d’exception.
Elles s’appellent Elodie Calvez, Christine Barul, Opale Coutant, Carolane Giraud, Chloé Pozas-Schacre et Alice Malivert. Elles représentent l’excellence scientifique et viennent d’être de recevoir le Prix Jeunes Talents « Pour les femmes et la Science » par un jury d’excellence sur les 660 candidatures éligibles.
Ces scientifiques prometteuses vont se voir attribuer une dotation de 15 000 € pour les doctorantes, et de 20 000 € pour les post-doctorantes, qui les aidera à poursuivre leurs travaux de recherche. Elles vont également bénéficier de formations en leadership (développement personnel, négociation, communication et prise de parole en public, etc.), visant à leur donner des moyens supplémentaires pour affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser leurs recherches scientifiques.
Initiés en France en 2007, les programmes nationaux et régionaux Jeunes Talents Pour les Femmes et la Science de la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’UNESCO, permettent de remettre chaque année près de 250 dotations dans plus de 110 pays. Ces prix apportent aux Jeunes Talents un soutien spécifique à un moment charnière de leur carrière scientifique.
La Polynésie – Chloé Pozas-Schacre : Sauver les coraux
« C’est une réelle fierté, c’est incroyable de voir ses recherches reconnues par la communauté scientifique. C’est un réel coup de pouce professionel, cela donne une visibilité qui est hyper importante. Personnellement, cela me conforte aussi dans mon choix professionnel» 
Animée par l’amour de la nature, Chloé Pozas-Schacre prend vite conscience de l’importance de préserver cette dernière. Après sa licence d’écologie à Toulouse, elle poursuit avec un master en écologie tropicale à La Réunion.Mais c’est son stage d’études autour de la restauration récifale aux Seychelles qui a vraiment renforcé sa détermination à œuvrer pour la préservation des récifs coralliens.
Elle est actuellement doctorante au sein de Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) en Polynésie. « Je travaille sur les interactions entre les macro-algues et les coraux. Aujourd’hui, les récifs coralliens basculent des eaux dominés par des coraux vers des eaux dominés par des macro-algues. Le problème : ces macro-algues, une fois en place, elles vont à leur tour devenir actrice de la dégradation des récifs en limitant le retour des coraux. J’essaie de comprendre ce mécanisme, de voir quelles sont les molécules chimiques, les micro-organismes impliqués dans la rupture du recrutement coralien ainsi que dans le déséquilibre entre le corail et son microbiote».
Nouvelle-Calédonie-Carolane Giraud : Réduire la mortalité des crevettes en Nouvelle-Calédonie
Titulaire d’un Master spécialisation Biologie et Bioressources Marines à Sorbonne Université, cette chercheuse passionnée par l’environnement marin, mène ses recherches à Nouméa autour de l’activité crevetticole du territoire. « La crevette est le premier secteur exportateur agro-alimentaire. Malheureusement, cette production tend à diminuer à causes de nombreuses problématiques. L’Une de ces problématiques est la difficulté d’obtenir des élevages larvaires en bonne santé. Je me consacre à ces élevages larvaires, j’analyse les micro-organismes associés à cet élevage».
Aujourd’hui en France, les femmes sont encore trop peu présentes dans la recherche scientifique : elles ne représentent que 28 %1 des chercheurs, contre 33,3 % au niveau mondial. En outre, elles rencontrent des difficultés à poursuivre leur carrière scientifique et accéder à la reconnaissance qu’elles méritent. En Europe par exemple, seulement 14 %2 des hautes fonctions académiques sont occupées par des femmes, et moins de 4 % des prix Nobel scientifiques ont été décernés à des femmes dans le monde.
La Réunion-Mathilde His :  Relier les modes de vie à la prévention du cancer du sein
Mathilde His est post-doctorante au Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC/OMS) à LYON, Branche Nutrition et Métabolisme. Son domaine d’étude est la Science de la santé et plus particulièrement l’Epidémiologie. Elle cherche à relier les modes de vie à la prévention du cancer du sein.
Au sein de la branche nutrition et métabolisme, elle travaille à identifier les habitudes de vies qui auraient un impact sur l’apparition de cancer du sein chez la femme. Particulièrement touchée par la maladie de par son histoire familiale, cette jeune maman participe également sur son temps libre à développer des actions de communication autour de la recherche et la prévention sur le cancer.
La Réunion-Alice Malivert : Comprendre l’influence de l’environnement sur la croissance des plantes
«Cet prix m’apporte la reconnaissance pour le travail effectué mais aussi une sécurité car je me suis lancé dans un projet risqué qui m’intéresse et qui aura un impact très positif sur le monde de demain. Cette reconnaissance me donne plus de chances d’obtenir des financements ultérieurement».
Née à La Réunion, Alice Malivert s’oriente rapidement dans le domaine scientifique. Un stage de découverte en classe de 3ème au Cirad de la Réunion dans le pôle de protection des plantes va être déterminant.
Aujourd’hui, elle prépare une thèse en biophysique du développement végétal.« De manière simplifiée, on peut imaginer les plantes comme des bulles de savons gonflées par de l’eau, créant une tension et peuvent exploser. Je m’intéresse à la manière dont les plantes ressentent cette tension dans un environnement».
Une thématique qui trouve pleinement son écho dans le contexte actuel de réchauffement climatique. «Cela est particulièrement intéressant où les périodes de sécheresse ou d’inondations sont de plus en plus importantes.»
Après sa soutenance, Alice Malivert ambitionne de poursuivre ses recherches en Outre-mer et plus particulièrement à La Réunion.
Guyane – Opale Coutant-Évaluer les impacts des activités humaines sur les écosystèmes d’eau douce en Amazonie
Ayant grandi à Cayenne, Opale Coutant est attirée par les sciences environnementales. Lors d’un stage en master 2, la biodiversité amazonienne devient son terrain de recherche favori. Aujourd’hui doctorante au sein du Laboratoire Évolution et Diversité Biologique à Toulouse, Opale Coutant s’intéresse dans le cadre de sa thèse « à l’impact des activités humaines sur la biodiversité des cours d’eau douce, incluant à la fois les poissons et les mammifères dépendant des cours d’eau comme les loutres ».
Elle perçoit cette distinction comme « une belle valorisation de ses ravaux de recherche ainsi qu’une belle promotion de la place des femmes dans la recherche scientifique. D’autant plus que le travail sur lequel j’ai candidaté pour le prix est un travail avec des problématiques et des résultats assez intéressants et importants pour la Guyane».
Guadeloupe : Christine Barul – « Limiter les risques cancérigènes liés à l’environnement de travail »
La Guadeloupéenne Christine Barul, post doctorante à l’Inserm au sein de l’Université des Antilles, ayant grandi avec l’image d’une mère très assumée dans ses décisions. s’intéresse lors de son parcours à l’épidémiologie. Elle rencontre au cours de ces stages de recherches des encadrantes passionnées par leurs métiers, motivantes et inspirantes». Lauréate de cette promotion, Christine Barul espère devenir également un modèle pour les jeunes filles. « Je suis très contente de faire partie des lauréates. Je sais que cela représente, je sais que cela peut aider. C’est comme un étendard que je vais porter. La priorité est de donner confiance aux jeunes filles dès le plus jeune âge, de croire en elles. Si elles sont passionnées par les sciences, il n’y a aucune qu’elles n’y arrivent pas ! ».
Lors de son premier post doctorat à l’Institut national de la recherche scientifique, au Québec, la chercheuse a étudié le rôle du travail de nuit et de certaines expositions chimiques dans la survenue du cancer de la prostate. Actuellement, Christine Barul mène des recherches en Guadeloupe sur un projet qui porte sur les agriculteurs de bananeraie de Guadeloupe et de Martinique. «Chez ces agriculteurs qui sont fortement exposés, je vais regarder l’effet cocktail des pesticides dans les évènements liés au cancer».
Guadeloupe – Elodie Calvez : Comprendre les mécanismes de transmission de virus par les moustiques
La postdoctotrante Élodie Calvez, originaire de la Bretagne mais qui  travaille au sein de l’Institut Pasteur de Guadeloupe, accueille cette distinction avec « honneur».  « C’est une grande surprise de l’obtenir car il s’agit d’un prix prestigieux. C’est une chance formidable de rencontrer d’autres doctorantes et postdoctorantes qui travaillent dans des thématiques complètement différentes de la nôtre. C’est une façon de mettre en valeur les femmes dans la science,  et cette pluridisciplinarité dans laquelle les femmes évoluent.»
Sa thématique de recherche  est consacrée à « étudier l’influence du microbiote et des qualités nutritionnelles des gîtes larvaires sur le microbiote du moustique Aedes aegypti et la transmission des arbovirus ».  « Mes recherches en Guadeloupe sont essentiellement centrées sur la dengue. C’est un problème de santé majeure dans le monde, ce sont des millions de personnes qui peuvent etre infectées. J’étudie les facteurs qui peuvent influencer la transmission, j’essaie de comprendre comment les bactéries et nutriments présents dans l’eau peuvent influencer les bactéries présentes dans les moustiques et son développement, et à la fin son habilité à transmettre les virus ».
En partenariat avec Outremers360.
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