Le phénomène est inédit, il n’y a jamais eu autant de juvéniles observés au large de nos côtes. Des thons, âgés d’au moins trois mois, qui deviendront grands et forts si on leur en laisse le temps. C’est une bonne nouvelle pour l’espèce, qui interroge aussi les scientifiques dont l’expert en la matière Tristan Rouyer, de l’Ifremer.
Le thon est imposant, intriguant, recherché, et au cœur de terribles guerres de quota. Depuis des décennies il fascine les observateurs, qui sont aujourd’hui surpris par sa capacité d’adaptation aux changements. Le chercheur de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) Tristan Rouyer décrit une situation actuellement inédite au large de nos côtes : "Depuis la fin août, des jeunes thons, en bonne santé, pesant entre 200 à 500 g mesurant une vingtaine de centimètres, sont observés le long des côtes françaises de Méditerranée, notamment au large de Frontignan, Sète, Aigues-Mortes, mais aussi vers la côte catalane (NDLR confirmé par les pêcheurs professionnels). Cette présence est surprenante en cette saison, et par hypothèse pourrait être associée aux eaux particulièrement chaudes cet été dans le golfe du Lion".
Il enchaîne aussitôt sur la logique d’un message : "il est important de laisser ces petits thons à la mer, pour qu’ils contribuent au renouvellement de la population, qui reste fragile. Alors, si vous voyez ou pêchez un petit spécimen, merci de nous le signaler, puis de le remettre à l’eau très vite, pour sa survie. Il pourra ainsi continuer à sillonner la mer Méditerranée, traverser l’Atlantique et contribuer au renouvellement de sa population".
Car le thon rouge est un nageur infatigable, un migrateur capable de traverser l’Atlantique, se jouant des eaux en pesant jusqu’à 600 kg et pouvant vivre plus de 30 ans. Pour Tristan Rouyer : "La population d’Atlantique Est et de Méditerranée se porte bien grâce aux efforts de gestion menés depuis une dizaine d’années. La préservation des ados si l’on peut dire, qui pèsent une trentaine de kilos pour 1,15 m, ayant atteint leur maturité pour se reproduire, est l’une des clés de succès de la reconstruction de leur population".
Or la conjugaison migration- reproduction- adaptation, renferme encore bien des secrets : "leurs pérégrinations migratoires, visant à se nourrir, dans les eaux froides, et à se reproduire, dans les eaux chaudes, restent une énigme. Nous n’avons que des débuts de réponses, par nos campagnes de suivis. Ce sont les vents, mistral et tramontane, qui conditionnent sa présence dans le golfe du Lion. Est-ce que certaines zones d’eau froide non dispersée sont un marqueur ? Le phénomène est unique, d’autant que le thon rouge du golfe du Lion, ni de Méditerranée n’existe pas, mais l’on peut dire que le thon y vient pour manger ! À ce stade c’est une bonne nouvelle qui démontre que la population de thon est stable voire en augmentation".
Et l’expert de conclure : "ce qui me surprend ce sont les tailles de ses juvéniles qui sont en avance. On peut se demander si avec tous ces changements, la ponte a eu lieu en juin dernier ou avant ?". Encore une interrogation pour ce chercheur, qui avec de nouvelles données aériennes est en train d’évaluer le stock, et sait bien qu’il n’est pas au bout de ses surprises ! Enfin, dernières recommandations auprès de tous les pêcheurs, les petits tons rouges peuvent être confondus avec d’autres poissons pélagiques présents sur les mêmes zones, comme les bonites par exemple. Il n'est pas si facile de les différencier.
Signalez la présence des petits thons auprès de tristan.rouyer@ifremer.fr
Ce n’est pas si simple, voici quelques critères de distinction. Le thon rouge présente un corps en torpille massive, de section presque circulaire, la plus grande hauteur se situe au niveau de la première nageoire dorsale. La Bonite possède un corps plus élancé que le thon, sa tête est courte et plus pointue.
Le dos du jeune thon, est de couleur bleu-nuit uniforme, la bonite a un dos couleur bleu acier avec 5 à 11 rayures.
Dans la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature, les sept espèces de thon les plus pêchées commercialement ont été réévaluées. Quatre d’entre elles montrent des signes de récupération. Le thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) est passé de la catégorie dite "en danger" à celle de "préoccupation mineure" (UICN 4 Sept 2021).
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Cet été il y en avait aussi sur la plage….
C'est pour ça qu'y a autant de thons sur les plages en été ?