République démocratique du Congo : 50 ans d'indépendance – RFI

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L’ex-Congo belge devenu le Zaïre, puis la République démocratique du Congo (RDC) ou Congo-Kinshasa, a connu depuis son indépendance des phases de grande violence, largement attisée par les convoitises extérieures. Vaste pays du centre de l’Afrique, regorgeant de matières premières, la RDC vit toujours dans l’instabilité. Elle est placée avant-dernière dans le classement du PIB par habitant  (171$) parmi les pays africains.
Le 30 juin 1960, l’indépendance du Congo belge est proclamée.

30 juin 1960

La décolonisation négociée dans la précipitation, mal préparée par la Belgique plonge le Congo Léopoldville dans une grande instabilité : Joseph Kasa-Vubu devient président et Patrice Lumumba grande figure nationaliste, Premier ministre. À peine installés, les deux hommes font face, dans les semaines qui suivent l’indépendance, à une mutinerie de l’armée et à une sécession de la riche province du Katanga menée par Moïse Tshombé, discrètement mais activement soutenu par les intérêts miniers étrangers.
Le cycle des violences ne fait que commencer.

Le président congolais Kasa-Vubu, en rivalité permanente avec son Premier ministre, le révoque avec l’assentiment des Américains et des anciens colons belges. En pleine guerre froide, les États-Unis n’apprécient pas du tout le panafricanisme de Lumumba et son flirt avec Moscou.
Un jeune officier, le colonel Mobutu, instrumentalisé par la CIA arrête le Premier ministre et le transfère chez Moïse Tshombé, l’ennemi juré katangais.
Le 17 janvier 1961, Patrice Lumumba est torturé à mort avec deux de ses compagnons. Le corps du premier chef de gouvernement de l’indépendance ne sera jamais retrouvé.

S'il y avait 4 ou 5 général Mobutu, pareil comme lui, et bien on éviterait beaucoup de difficultés.
Archives sonores
24 juillet 1961

De nombreux soubresauts continuent d’agiter le géant congolais. Des tentatives de sécession et les rébellions révolutionnaires se multiplient et embrasent plus de la moitié du territoire du grand Congo. La crise prend une dimension internationale avec, pour la première fois, l’envoi de casques bleus. Les Nations unies ne mettront fin à l’aventure katangaise de Tshombé qu’en 1963.
Deux ans plus tard, le 24 novembre 1965, Mobutu se débarrasse de Joseph Kasa-Vubu et s’empare du pouvoir par un coup d’État. Il multiplie les liquidations physiques de ses opposants : les Pendus de la Pentecôte en 1966, Pierre Mulélé en 1968.
Les villes sont débaptisées. Léopoldville devient Kinshasa et le Congo : République du Zaire. La politique du «retour à l’authenticité» puis «la zaïrianisation» conduite au début des années 70 permet à Joseph-Désiré Mobutu, devenu Mobutu Sese Seko de nationaliser les grandes compagnies minières qui exploitent les immenses richesses : cuivre, cobalt, or, argent, diamant, uranium. Paradoxalement Mobutu bénéficie du soutien des occidentaux, et en particulier celui des Américains qui utilisent le Zaïre pour acheminer l’armement destiné à l’opposition armée angolaise l’UNITA qui lutte contre le régime marxiste de Luanda.
En mai 1978, la France intervient militairement dans la ville minière de Kolwezi au Katanga, alors connu sous le nom de Shaba. Des ex-gendarmes katangais, réfugiés en Angola attaquent à deux reprises la ville où se trouvent près de 2 300 Européens (belges et français). Face à l’échec d’une intervention aéroportée de ses troupes, Mobutu sollicite l’aide de Paris, de Bruxelles et de Washington. L’opération Bonite (ou Léopard) est alors déclenchée avec le parachutage de la légion étrangère française, renforcées par la suite par des parachutistes belges.
Le règne de Mobutu qui s’est autoproclamé maréchal, apporte au Zaire une stabilité relative. L’État n’est qu’imparfaitement administré, et se caractérise surtout par le népotisme et la corruption. La fin de la Guerre froide et l’effondrement de l’économie zaïroise annoncent des lendemains difficiles.
Après la chute du mur de Berlin, le vent de la démocratisation souffle aussi sur le continent africain. Mobutu annonce le 24 avril 1990 l’avènement du multipartisme au Zaïre.

Il accepte la tenue d’une conférence nationale qui élit en août 1992 l’opposant Etienne Tshisekedi, leader de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), comme Premier ministre. Mais la cohabitation au sommet de l’État échoue. Mobutu révoque son Premier ministre et reprend la main.
Le pays replonge dans la crise. Pouvoir et opposition mettent en place le HCR-PT qui regroupe le Haut conseil de la république dominé par les mobustistes et le Parlement de transition. L’Acte constitutionnel de la Transition est adopté en avril 1994 dans un climat toujours instable.
En 1994, l’Est du pays subit le contrecoup du génocide rwandais. En juillet, la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagamé prend le pouvoir à Kigali. Près de deux millions de hutus se réfugient dans les provinces congolaises voisines.
En octobre 1996 le Rwanda de Paul Kagamé, l’Ouganda de Yoweri Museveni, l’Angola de José Eduardo dos Santos, lancent avec le soutien des USA de Bill Clinton une rébellion armée contre Mobutu. Les tutsis congolais des deux provinces du Kivu composent le gros des troupes et c’est un ancien maquisard des années 60, Laurent Désiré Kabila qui prend leur tête. Les rebelles traversent le pays sans grande résistance. L’armée de Mobutu, clochardisée, refuse de combattre. Sept mois plus tard, l’Alliance des forces démocratiques de libération (AFDL), entre victorieuse à Kinshasa.
Laurent Désiré Kabila s’empare du pouvoir le 17 mai 1997, mais l’instabilité demeure. Un an plus tard Kabila se fâche avec ses parrains rwandais et ougandais, qu’il accuse de piller les ressources du pays,

Une nouvelle rébellion éclate en août 1998 contre Laurent Désiré Kabila. Elle entraîne l’intervention des troupes de sept pays africains dans ce que l’on va appeler, la Première Guerre mondiale africaine. Les anciens alliés de Kabila constituent deux fronts : à l’Est, le RCD Goma (Rassemblement congolais pour la démocratie) soutenu par Kigali; au nord ouest le MLC (Mouvement de libération du Congo) de Jean-Pierre Bemba, encadré par Kampala. Kabila est de son côté soutenu par l’Angola, la Namibie et le Zimbabwe, des forces tchadiennes faisant également une rapide incursion à ses côtés.
L’assassinat de Laurent Désiré Kabila, en janvier 2001 va redistribuer les cartes.
Son fils Joseph lui succède à la tête de l’État. La communauté internationale veut mettre fin au chaos congolais.
Après l’attentat du 11 septembre aux États-Unis, les Américains craignent plus que tout, l’existence de «zones grises» sur la mappemonde. Ces failed states, états en faillite, qui n’exercent plus d’autorité sur leur espace national. Le jeune Joseph Kabila n’a guère le choix. Les deux tiers de la République démocratique du Congo sont sous le contrôle des rebelles. Il s’engage dans un difficile processus de paix (voir D’un Kabila, l’autre consécration diplomatique et accords inter-congolais RFI 10/07/2006), avec le soutien de la communauté internationale et l’engagement actif de l’Afrique du Sud, intéressée par le potentiel économique du pays.
De très longues négociations aboutissent en avril 2002 à l’accord de Sun city. Joseph Kabila doit partager le pouvoir avec les ex chefs rebelles pour conduire à partir de juin 2003 un gouvernement de transition devant mener à des élections générales deux ans plus tard.
Au même moment,  la Mission d’observation des Nations unies au Congo la MONUC, poursuit le déploiement de plusieurs milliers de casques bleus dans le pays. L’Union européenne est appelée à la rescousse pour mettre un terme à la guerre que se livrent des milices tribales (soutenues par Kampala et Kigali) qui sèment la mort et la terreur en Ituri, au nord-est du pays. L’opération Artémis placée sous commandement français sécurise la zone de Bunia la capitale provinciale et passe le relais quatre mois plus tard à la Monuc.
Très encadrée politiquement et très soutenue financièrement par la communauté internationale (plusieurs milliards de dollars sont déboursés), la Transition est prolongée d’un an. Les premières élections pluralistes se tiennent en juillet 2006 après l’adoption par référendum, en décembre 2005 d’une nouvelle Constitution.

TRESORS SONORES RFI
La crise au Nord-Kivu

Grâce à son électorat de l’Est, Joseph Kabila remporte les élections face à son rival de l’Ouest, Jean-Pierre Bemba*. Quatre ans plus tard, la République démocratique du Congo est loin d’être stabilisée. Divers groupes armés nationaux ou étrangers (Lord Resistance Army –LRA– ougandaise,  les Forces démocratiques de libération du Rwanda –FDLR-) continuent d’opérer dans les provinces de l’Est. Les forces armées congolaises sous payées et mal nourries contribuent elles aussi à l’insécurité. Le régime de Kinshasa a bien du mal à restaurer l’autorité de l’État sur le territoire.
Sur le terrain économique, la mauvaise gouvernance, la corruption endémique et la prédation pratiquée par les élites au pouvoir brident l’amélioration du quotidien des congolais, plongés dans la misère depuis maintenant deux décennies.
Les contrats miniers de plusieurs milliards de dollars négociés par le régime Kabila avec les Chinois n’ont eu que peu d’effets. Le budget de l’Etat n’a atteint l’année dernière qu’un peu plus de 4 milliards de dollars. 10 fois moins….. que celui de l’Angola voisin.
Les moyens de coercition utilisés pour réduire l’espace politique ont abouti à la quasi disparition de l’opposition et de toute expression discordante. Cinquante ans après l’indépendance, le rêve des congolais de vivre dans un État de droit et une démocratie en RDC n’est toujours pas réalisé.
_______________
* Jean-Pierre Bemba est actuellement emprisonné à La Haye (Pays-Bas) et attend l’ouverture de son procès devant la Cour pénale internationale, pour des crimes commis en République centrafriquaine en 2002-2003.

Congo in limbo. Présentation des photographies sur le Congo de Cédric Gerbehaye de l’agence Vu. Son reportage a été récompensé par plusieurs prix internationaux dont  le World Press Photo (2007).
Le site officiel du Cinquantenaire de la République démocratique du Congo
La carte des opérations du Haut commissariat aux réfugiés en RDC
Le reportage complet du journaliste, Jacques Alexandre, sur les cérémonies de l’Indépendance et les discours, dans notre page Les trésors des archives sonores, à la date du 30 juin 1960.

Source : Les 100 clés de l’Afrique. Philippe Leymarie et Thierry Perret. Co-édition Hachette Littératures/RFI. 2006.
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