La France a vu sa production de porcs biologiques se développer à forte allure ces dernières années. Face à une demande sociétale grandissante, et en parallèle un manque d’offres, les conversions en production biologique se sont multipliées. Entre 2016 et aujourd’hui, le nombre de truies biologiques reproductrices a bondi de 71 %. L’Hexagone comptait ainsi plus de 600 fermes avec des truies reproductrices bios en 2019, selon l’Agence bio.
Cependant, avec cette vague de conversion, le marché du porc bio est actuellement en plein déséquilibre. « La fin d’année 2020 et la nouvelle année 2021 seront une période d’ajustement » estime Corentin Hamard, responsable filière bio de Cooperl, lors de la webconférence sur le porc bio organisée par l’Institut du porc (Ifip) et l’Institut technique de l’agriculture biologique (Itab) le 16 décembre 2020.
La filière porcine biologique est désormais sur une phase de net ralentissement des conversions comme ce fut le cas entre 2012 et 2014, quand elle a été déstabilisée par un excédent d’offres.
« Nous avons pris la décision d’arrêter le développement de porcs biologiques. Il n’y aura pas d’installation de nouveaux producteurs le temps que le marché se rééquilibre pour absorber la production qui a été mise en place », a déclaré Antoine Forêt, président de Bio Direct.
Le marché de la viande porcine biologique est un peu moins porteur à l’heure actuelle. Si la charcuterie prédomine avec notamment le jambon cuit qui représente environ 38 % de la demande totale, les ventes de ces produits tendent à se complexifier. Pour Corentin Hamard, on assiste à un changement de paradigme. Historiquement, le jambon était extrêmement demandé et permettait de valoriser une grande partie de la carcasse. Or c’est moins le cas maintenant. « Le jambon bio devient plus compliqué à vendre. Les filières porcines biologiques ont intérêt à changer leur équation économique pour basculer la plus-value sur d’autres pièces qui sont de plus en plus demandées à l’instar des poitrines et des épaules », estime Corentin Hamard.
S’ajoute à cela la concurrence de la part des autres grands producteurs européens de porcs bios. Le jambon danois, en particulier, continue de trouver sa place sur le marché hexagonal. Et ce, d’autant plus que le premier producteur de porcs bios en Europe (représentant 36 % du cheptel porcin bio européen en 2018) présente une forte capacité à faire baisser les tarifs et mise sur une logique d’exportation vers le marché français qui est bien plus rémunérateur, surtout sur ce produit.
La concurrence danoise n’est pas la seule à craindre. L’Espagne compte aussi doubler le développement de sa filière porcine biologique. Le pays a déjà mis en place une production importante et prévoit d’expédier des volumes élevés de produits finis qui pourraient se retrouver sur le marché français !
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