Le marché du porc dans toute l’Europe est sous tension. Avec le ralentissement de la demande chinoise et la demande intérieure qui reste faible malgré la réouverture de la restauration, les prix ont entamé leur tendance baissière depuis le mois de juin. À 140 euros les 100 kg en septembre, le cours européen se place sous sa moyenne quinquennale. De quoi susciter des inquiétudes chez les éleveurs qui voient leur marge reculer compte tenu des coûts de production qui restent, en parallèle, très élevés.
En raison de la pandémie, l’activité des outils de production a été fortement perturbée l’an dernier. Les retards d’enlèvements ont notamment contribué à gonfler les statistiques d’abattages. Ainsi, selon la Commission européenne, les abattages du premier semestre ont progressé par rapport à la même période l’an dernier de 4,1 % en Espagne, 9,9 % au Pays-Bas et de 10 % au Danemark.
Seule l’Allemagne affiche une évolution négative (-1,2 %). Touché de plein fouet par la peste porcine africaine (PPA), le pays s’est vu interdire d’exporter vers la Chine. Le marasme économique que subit actuellement la filière allemande a incité l’amont à réduire sa production. Au premier semestre, l’ensemble de la production de l’UE-27 a progressé de 466 000 tonnes, ce qui représente une hausse de 4,1 % en glissement annuel. Toutefois, la filière porcine européenne devrait freiner cette hausse. Ainsi, Bruxelles prévoit une croissance annuelle de la production de 1,7 % en 2021 et une encore plus modérée en 2022 de 0,6 %.
Le faible prix du porc en Europe le rend plus concurrentiel sur le marché mondial. Au cours du premier semestre, les exportations globales de viande porcine de l’UE ont progressé de 14 % sur un an à 121 000 tonnes. Les envois vers la Chine ont progressé de 157 000 tonnes (+14 %) sur un an. D’autres pays tiers ont également absorbé d’importants volumes à l’image des pays asiatiques, eux aussi ébranlés par la PPA : +260 % vers les Philippines, +100 % vers le Vietnam et +38 % vers Hong Kong. Les volumes ont aussi bondi vers d’autres régions du monde : Amériques (Chili, +1 600 % ; États-Unis, +37 %), Océanie (Nouvelle-Zélande, +72 %). En revanche, les envois vers le Royaume-Uni et le Japon ont chacun reculé de 10 % et 13 %. Les exportations européennes devraient progresser de 6 % en 2021 et de 7 % en 2022, selon les prévisions de la Commission.
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