“L’invasion de la Russie en Ukraine a provoqué d’importantes incertitudes sur les marchés mondiaux des matières premières agricoles“, indique l’USDA. Le rapport WASDE de mars évalue les premiers impacts notamment sur le commerce international à court terme.
En raison de la guerre, les envois totaux de blé en provenance de l’Ukraine et de la Russie ont été revus à la baisse de 12 % par rapport à la précédente prévision de février. « Les pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique importeront un peu moins de blé dans les mois à venir en raison de la hausse des prix et de la réduction de l’offre en provenance de la région de la mer Noire », indique le rapport.
Les stocks mondiaux de clôture ont augmenté de 3,3 millions de tonnes ; l’augmentation des stocks en Russie et en Ukraine n’étant que partiellement compensée par les baisses en Turquie, en Inde et dans l’UE. A noter que les stocks de clôture américains ont augmenté de façon inattendue de 5 millions de boisseaux par rapport au mois dernier pour atteindre 653 millions. L’USDA a revu à la baisse de 10 millions de boisseaux sa projection sur les exportations, malgré les difficultés d’exporter dans la région de la mer Noire.
L’Ukraine, le troisième plus grand exportateur de maïs dans le monde, après le Brésil (43 millions de tonnes) et l’Argentine (39 millions de tonnes), voit ses expéditions de maïs reculer de 18 % par rapport à la précédente prévision de février pour s’établir à 27,5 millions de tonnes. Dans ce contexte, les exportations de maïs états-uniens devraient progresser de 75 millions de boisseaux. Au même temps, avec la flambée du prix du pétrole, l’utilisation du maïs pour produire de l’éthanol (agrocarburant) devrait augmenter de 25 millions de boisseaux aux États-Unis. Les stocks mondiaux de fin de campagne ont été réduits de 1,25 million de tonnes (49 millions de boisseaux).
La guerre en Ukraine a gravement perturbé la logistique dans la région de la mer Noire, avec d’importantes conséquences sur le transport international et les chaînes d’approvisionnement mondiales, rapporte le Wall Street Journal. Des dizaines de cargos sont bloqués dans le port ukrainien de Mykolaiv, selon les observateurs du transport maritime.
Le gouvernement ukrainien a interdit les exportations de seigle, d’orge, de sarrasin, de millet, de sucre, de sel et de viande jusqu’à la fin de cette année, selon une déclaration du cabinet du ministère publiée mercredi. Le maïs, le blé et l’huile de tournesol sont toutefois exclus de cette interdiction. Toutefois, le 13 mars, le gouvernement ukrainien a instauré une licence pour limiter les exportations d’huile de tournesol.
Selon certaines sources, si la guerre se prolonge, les pays qui dépendent des exportations de blé de l’Ukraine à des prix abordables pourraient connaître des pénuries à partir de juillet. Cela pourrait provoquer des crises alimentaires dans plusieurs régions du monde et plonger davantage de personnes dans la pauvreté notamment en Égypte et au Liban, où les régimes alimentaires sont dominés par le pain subventionné par l’état.
Plusieurs inconnues de taille demeurent. Par exemple, l’Ukraine parviendra t elle à cultiver ses cultures de printemps et à quel niveau de production ? Certains analystes tablent sur une récolte de céréales ukrainienne réduite de moitié. Ce déficit pourrait contribuer à booster les envois de céréales d’autres origines. Pour l’instant, les prix mondiaux des denrées alimentaires ne cessent de progresser, atteignant des niveaux records en février. L’essentiel de l’impact de la crise entre la Russie et l’Ukraine ne devrait pas se faire sentir avant le mois prochain.
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