Les chats sont populaires au Japon, mais, comme le montrent les proverbes qui suivent, on ne les associe pas nécessairement à une forme positive de contribution…
猫に小判 — Neko ni koban
Le koban est une pièce d’or de l’époque d’Edo (1603-1868), et « donner un koban à un chat » veut dire donner quelque chose à quelqu’un qui, faute d’en comprendre ou d’en apprécier la valeur, n’est pas en mesure d’en tirer parti.
猫に鰹節 — Neko ni katsuobushi
Les katsuobushi sont des lamelles de bonite séchée. Le proverbe, qui veut dire « poser des katsuobushi à côté d’un chat » et évoque l’idée de tenter l’animal en plaçant les délicieux morceaux de poisson à sa portée, fait référence à une situation dangereuse, ou qui requiert un haut degré de vigilance.
猫の手も借りたい — Neko no te mo karitai.
Dire de quelqu’un qu’il « veut même emprunter les pattes d’un chat », alors qu’il sait que cet animal de compagnie ne va pas lui être d’un grand secours, revient à dire qu’il déborde d’activité.
Dans l’assortiment de dictons qui suit, figurent ceux qui insistent sur le côté mignon et tout petit des chats.
猫の額 — Neko no hitai
L’expression « le front d’un chat » est employée pour désigner quelque chose de tout petit, en parlant, par exemple, d’un jardin ou d’un bout de terrain.
猫をかぶる — Neko o kaburu
Métaphoriquement parlant, « faire le chat » veut dire faire semblant d’être tranquille et inoffensif, dissimuler sa vraie nature. L’expression peut aussi signifier afficher un air innocent.
猫も杓子も — Neko mo shakushi mo
Pour dire que toutes sortes de gens étaient présents à un événement, la langue anglaise dispose de l’expression « every Tom, Dick, and Harry » (tous les Tom, Dick et Harry). L’équivalent en japonais est « même les chats et les louches » étaient présents.
Si nous nous tournons maintenant vers le côté canin des choses, nous nous apercevons que certains proverbes japonais établissent un lien entre les chiens et divers genres de querelles, que ce soit à titre de protagonistes ou de spectateurs.
犬猿の仲 — Ken-en no naka
Avoir une relation comme entre chiens et singes s’applique à des gens animés d’une hostilité réciproque ou ayant des rapports excécrables.
犬の遠吠え — Inu no tôboe
Lorsque quelqu’un critique d’autres personnes derrière leurs dos, on peut comparer cette médisance aux « hurlements lointains d’un chien » qui reste à distance pour ne pas être obligé de se battre.
夫婦喧嘩は犬も食わない — Fûfu genka wa inu mo kuwanai.
Les disputes entre époux tiennent souvent à de petites causes difficiles à comprendre de l’extérieur, et elles sont rapidement résolues. Au Japon, il existe un proverbe selon lequel « même les chiens ne mangent pas les scènes de ménage ». Tout le monde sait que les chiens ne sont pas très pointilleux sur ce qu’ils ingurgitent, mais ils ne « mangent » pas les (ou ne se mêlent pas aux) querelles entre époux. Le proverbe conseille aux gens de garder eux aussi leurs distances.
Toute chose a deux facettes, comme le démontre cette ultime série de proverbes.
飼い犬に手を噛まれる — Kaiinu ni te o kamareru.
Le chien étant en règle générale un animal de compagnie loyal, « Avoir la main mordue par son chien » évoque une trahison commise par un subordonné en qui l’on a confiance.
犬が西向きゃ尾は東 — Inu ga nishimukya o wa higashi.
« Si un chien fait face à l’ouest, sa queue est à l’est. » C’est une façon de dire que les propos de quelqu’un relèvent de la simple évidence.
犬も歩けば棒に当たる — Inu mo arukeba bô ni ataru.
« Si un chien part en promenade, il va trouver un bâton. » Ce vieux proverbe peut se lire de deux façons. Selon l’une d’entre elles, le chien reçoit un coup de bâton, et la phrase nous avertit que tout pas en avant entraîne un risque de catastrophe. Mais dans une autre interprétation, contradictoire, le bâton est un jouet que les chiens aiment porter dans la gueule, et le proverbe suggère alors qu’il vaut mieux agir que ne rien faire, car l’action peut générer une récompense.
(Photo de titre : un maneki-neko et une pièce de monnaie koban. Pixta)
japonais animal chat chien langue japonaise