Combien faut-il de crêpes bretonnes dans un paquet vendu au Royaume-Uni ? La question peut faire sourire. Elle est pourtant capitale pour l’entreprise qui souhaite exporter avec succès. « Si vous en mettez six ou douze, comme chez nous, vous aurez toutes les chances de vous planter. Vous n’en vendrez pas un, assure Vincent Chamaret, directeur-général de Bretagne Commerce International (BCI). Les Anglais veulent toujours de gros paquets (20 minimum). C’est cher, mais il y a de la quantité. En Espagne, il en faut moins. Quant à la République tchèque, où les consommateurs ont peur d’être déçus, c’est par deux… » Grâce à sa centaine de correspondants répartis dans près de 90 pays (jusque sur les îles Fidji !), BCI fait « du sur-mesure » pour les entreprises tentées par l’export : hébergement sur place, recherche de partenaires, conseils sur les réglementations en vigueur et les subtilités culturelles à maîtriser, étude de marché, stratégie à mettre en place… »
En Bretagne, BCI emploie 45 personnes réparties sur sept sites. « Avant juillet 2012, les entreprises bretonnes avaient deux interlocuteurs qui se concurrençaient : Bretagne International et CCI international. Le choix de la fusion des deux structures était pertinent et s’imposait. Aujourd’hui, l’interlocuteur est unique, tout en étant à proximité des entreprises », se réjouit Dominique Lecomte, président de la CCI des Côtes-d’Armor. « C’est un vrai plus, qui séduit les entreprises », confirme Jean-Pierre Rivery, vice-président du Medef Bretagne, en charge du commerce international. Quid du fort déséquilibre constaté entre les différents départements, avec une surreprésentation à l’international de l’Ille-et-Vilaine ? « La fusion a justement permis de coller au territoire et de corriger ce défaut, martèle Vincent Chamaret. Aujourd’hui, la représentation respecte la carte des PIB de chaque département (Ille-et-Vilaine devant le Finistère, le Morbihan et les Côtes-d’Armor). Qu’en pensent les patrons des CCI de Brest et Quimper ? Ils n’ont pas donné suite à nos sollicitations. Près de trois ans après sa création, BCI donne-t-elle satisfaction ? Là encore, sur les nombreux interlocuteurs que nous avons sollicités, très peu ont accepté de répondre. Au sein de l’opposition régionale, l’UMP n’a pas été capable de formuler les « critiques » promises… en décembre dernier. Une seule entreprise, dans le Morbihan, a joué le jeu, évoquant « un bilan mitigé », avec « du très bon », mais aussi « une mauvaise expérience » lors d’un déplacement de prospection (« contacts inadaptés ») dans un pays du Moyen-Orient.
« Si BCI ne servait pas, avec le besoin actuel d’argent public, nous n’aurions pas le soutien du conseil régional (NDLR 3,6 M€; et 0,9 M€ des CCI) », plaide Vincent Chamaret. Difficile néanmoins, pour des raisons techniques, de mesurer l’impact de BCI sur les exportations bretonnes. « C’est vrai, concède le directeur-général de BCI. Mais nous avons tout de même des indicateurs qui nous montrent que notre action est pertinente. » En 2014, 1.850 entreprises, sur les 5.000 ayant une vocation internationale, ont bénéficié d’une aide de BCI. « La même année, nous avons enregistré plus de 6.000 participations à nos actions : salons internationaux, réunions, ateliers, aide personnalisée », appuie Vincent Chamaret, qui brandit aussi une « enquête externe » de satisfaction réalisée tous les trois à quatre ans : « 96 % des entreprises interrogées disent qu’elles conseillent nos services, et 38 % assurent que notre action a généré dans les mois suivants des flux d’affaires ». BCI aide aussi les entreprises étrangères à investir dans la région. Dernier exemple en date : l’annonce, l’été dernier, de la construction d’une usine japonaise de bonite séchée à Concarneau. Avec, à la clé, une dizaine d’emplois créés.
Pas plus avancé après qu’avant. Et surtout pas convainquant l’ovni BCI !