Comment consommer sans contribuer à la surpêche ? – Libération

Les consommateurs français de produits de la mer ont pris conscience des dangers environnementaux pour le poisson liés à la pollution et à la surpêche, mais peinent à traduire ces préoccupations dans leurs critères d’achat. (Photo Philippe Huguen. AFP)
Comment consommer sans contribuer à la surpêche ? - LibérationRetrouvez toutes les semaines dans la chronique «Terre d’actions» des initiatives pratiques et écolos en France et dans le monde.
Vingt kilos de poissons par an. C’est en moyenne ce que l’aquaculture et la pêche étaient capables de fournir à chaque être humain en 2016 selon la FAO, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation. Des océans et des rivières pâtissent de cette course à la production. Nous avons toujours plus à manger, mais l’essentiel de notre consommation se concentre sur quelques espèces.
En 2015, 33% des stocks de poissons dans le monde étaient surexploités. Quand elles sont prélevées sans relâche, les espèces n’ont plus le temps de se reproduire pour reconstituer les populations. En bout de chaîne, c’est l’humain qui pourrait ne plus rien avoir à se mettre dans l’assiette demain.
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Les Français engloutissent en moyenne 35 kilos de poisson par an, alors que l‘Anses recommande deux portions par semaine, soit entre 16 et 26 kilos par an. Comme pour la viande, la logique du «consommer moins mais mieux» s’applique.
Le guide Slow Fish, édité par le mouvement d’origine italienne Slow Food, liste les espèces «à ne pas acheter» : saumon, thon rouge, crevettes tropicales, espadon, amandes de mer et alevins. Mérou brun et morue sont «à consommer avec modération». Parmi les poissons sauvages à épargner, l’organisation dédiée au bien-être des animaux d’élevage, CIWF, ajoute le requin et les poissons de grands fonds comme le flétan, le grenadier ou l’empereur. Et il recommande d’éviter bar, cabillaud, carrelet, églefin, limande, lotte, merlu, raie, sole ainsi que les thons albacore, germon et obèse.

Comme CheckNews l’expliquait dans un précédent article, les produits issus de pêche durable, encore rares au niveau mondial, sont certifiés par quelques labels. En supermarché ou en poissonnerie, il faut savoir les reconnaître.
La certification la plus courante est la MSC, délivrée par l’ONG Marine Stewardship Council. Les associations Greenpeace et WWF conseillent de privilégier les produits portant ce logo bien qu’elles déplorent la certification contestable de certaines espèces. Elles recommandent d’opter pour les poissons d’élevage estampillés AB quand il y en a. «Les méthodes d’élevage sont plus respectueuses : les poissons sont nourris à base de matières premières issues de produits de la mer et de pêcheries durables, complétées par des aliments d’origine végétale bio, les intrants sont limités durant le cycle de vie des poissons, la densité d’élevage est plus faible», explique le CIWF.
En France, le gouvernement a lancé en 2017 son propre label public, nommé «Pêche durable», attribué sur des critères à la fois environnementaux, sociaux et de qualité.
Autre nouveau venu, le label «Poisson nourri à l’insecte», lancé par Auchan, a fait son apparition fin 2018. Quel intérêt ? Les poissons d’aquaculture sont d’habitude nourris avec des farines de poisson, qu’il faut pêcher en grande quantité. C’est une des causes de l’épuisement des réserves naturelles. Utiliser des protéines d’insectes, dont l’impact environnemental est très réduit, permet donc de réduire indirectement la surpêche.
Acheter des poissons moins prisés permet de préserver les océans et son porte-monnaie. L’UFC-Que choisir, qui estime que 86% des cabillauds, soles et bars présents sur les étals des grandes surfaces de l’Hexagone proviennent d’une pêche non durable, conseille de privilégier le tacaud, le merlan ou encore la vieille, espèce peu coûteuse. Le mulet est aussi une bonne alternative au bar, victime de la surpêche.
Pour une liste plus exhaustive, le WWF a classifié de nombreuses espèces afin de guider les consommateurs. Parmi les poissons et mollusques à privilégier quelle que soit la zone de pêche, on retrouve le merlan bleu, la palourde, l’encornet et l’huître creuse. L’anchois (sauf celui prélevé en mer Noire, Méditerranée et océan Atlantique), le chinchard pêché en Europe, le maquereau, la sardine (sauf celle des eaux portugaises et au large du Maroc), le lieu noir ou encore le hareng sont également peu exposés à des pratiques de pêche néfastes ou à la surexploitation.
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On peut aussi se lancer à la découverte du poisson-lapin, qui prolifère en Méditerranée depuis quelques années. Le guide Slow Fish liste d’autres espèces méconnues : l’aiguille de mer, la bonite à dos rayé, le picarel, le poisson-pilote ou encore le tassergal.
Pour du poisson local et hors période de reproduction, le site Mr Goodfish propose une liste d’espèces en fonction de la saison. De mi-décembre à mi-mars, il recommande une cinquantaine de poissons pêchés au large de la Bretagne, dans la mer du Nord, dans la Manche ou en Méditerranée.
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