Véritable poison du système nerveux central, le mercure est l’un des dix premiers métaux lourds très préoccupant pour la santé de l’Homme. L’ONSSA a réalisé une étude sur deux littorraux marocains de 2010 à 2016. Que disent les chiffres ? Les normes sont-elles les mêmes que celles fixées par l’Union européenne ? Détails.
Considéré par l’OMS comme l’un des dix premiers produits toxiques très préoccupants pour la santé publique, le mercure (Hg) peut atteindre l’organisme humain de manières diverses, la principale cause étant la consommation de poissons contaminés.
Au niveau international, les teneurs réglementaires en mercure (Hg) dans le poisson sont fixées par le Codex Alimentarius et par l’Union européenne (Règlement CE No 1881/2006 de la Commission du 19 décembre 2006, portant fixation de teneurs maximales pour certains contaminants dans les denrées alimentaires). A l’échelle nationale, l’arrêté conjoint du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime et du ministre de la Santé n°1643-16 (30 mai 2016) constitue une référence réglementaire nationale fixant les limites maximales autorisées des contaminants dans les produits primaires et les produits alimentaires.
D’après l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), la limite maximale autorisée pour le mercure dans les produits de la pêche est de 1 mg/kg de masse corporelle pour la consommation des grands poissons prédateurs (le requin, l’espadon et le thon) et de 0,5 mg/kg pour les poissons non prédateurs.
L’ONSSA avait mis en place en 2006 un plan de surveillance en vue de suivre le niveau du mercure dans les principales espèces de poisson des côtes marocaines. Programmé chaque année, il se base sur l’échantillonnage de 36 espèces de poissons débarqués sur les côtes marocaines et parmi les plus consommés au Maroc.
L’étude de l’ONSSA sur deux littoraux marocains de 2010 à 2016
Des analyses du mercure effectuées par un réseau de laboratoires régionaux d’analyses et de recherches relevant de l’ONSSA, utilisant la «spectrométrie d’absorption atomique», servant à déterminer la concentration de certains métaux dans un échantillon donné, montrent que la teneur moyenne en mercure dans les produits de la pêche débarqués au niveau des deux littoraux marocains de 2010 à 2016 était de 0,073 mg/kg, soit en deçà des limites réglementaires en vigueur au Maroc qui sont de 1 mg/kg pour les grands poissons prédateurs et de 0,5 mg/kg pour les poissons non prédateurs, affirme l’ONSSA à travers son étude.
L’étude indique que l’évolution des teneurs moyennes en mercure de tous les produits de la pêche débarqués au Maroc durant cette même période ont toutefois augmenté d’une année à l’autre, se multipliant parfois par cinq, en passant de 0,02 mg/kg en 2010 à 0,127 mg/kg en 2016, s’alarme cette étude publiée dans l’édition du 1er trimestre 2017 de Toxicologie Maroc.
Cette étude révèle que les espèces de poisson accumulant les teneurs en mercure les plus élevées sont la bonite (0,314 mg/kg), le mulet (0,195 mg/kg), la roussette (0,192 mg/ kg), le requin (0,182 mg/kg), l’espadon (0,173 mg/kg), le calamar (0,172 mg/ kg) et l’anguille (0,133 mg/kg).
Comment ça marche ?
Le mercure est naturellement présent dans l’écorce terrestre, explique l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il est libéré dans l’environnement par l’activité volcanique, l’érosion des roches et à la suite des activités humaines. Ces dernières sont en effet la cause principale des rejets de mercure, qui proviennent notamment des centrales électriques au charbon, de l’utilisation domestique de ce minerai pour le chauffage et la cuisine, des processus industriels, des incinérateurs de déchets et de l’extraction minière du mercure, de l’or et d’autres métaux.
Dans les conditions aquatiques d’anoxie, c’est-à-dire manquant de dioxigène dissous et sous l’action de certaines bactéries, le mercure peut être méthylé et se transformer en une forme organique très bio-disponible et très toxique qui est le méthyl-mercure. Ce dernier diffuse rapidement et se fixe aux protéines, d’où son accumulation dans le poisson.
Après consommation par l’homme, le mercure est distribué dans l’intégralité de l’organisme. Les enfants et le fœtus sont les sujets les plus à risque, en particulier pour la toxicité du méthyl mercure.
Des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition aux différents composés de mercure par inhalation, ingestion ou contact dermique. Les symptômes sont les suivants : tremblements, insomnies, pertes de mémoire, effets neuromusculaires, maux de tête et dysfonctionnements moteurs et cognitifs.
De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) a adopté le 24 février 2004 un avis sur le mercure et le méthylmercure dans les aliments et retenu la dose hebdomadaire tolérable provisoire de 1,6 μg/kg, soit 0,0016 mg/kg. L’AESA affirme que le méthylmercure est la forme chimique la plus préoccupante, qui peut représenter jusqu’à 90% du mercure total présent dans les poissons et produits de la mer.