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Le premier prud’homme, Lionel Brezzo, a continué à exercer son activité pendant la crise sanitaire. Si les débuts ont été rudes, les clients n’ont pas tardé à redécouvrir les attraits de la pêche locale.
Dans les faits, le confinement n’a pas duré plus d’une semaine pour Lionel Brezzo. “Deux mois à la maison, je n’aurais pas tenu…”, sourit-il, posté derrière l’étal où il vend sa pêche du jour, au vieux port.
En tant que professionnel, les sorties en mer lui étaient logiquement autorisées. Mais ainsi déconfiné par la force des choses, il en a vu, des confinés.
D’abord par toutes petites grappes, puis de plus en plus. Jusqu’à atteindre un record : 1 h 30 d’attente pour espérer acheter le fruit de son travail. “En temps normal, on a beaucoup d’Italiens, mais ils ne pouvaient plus venir avec la fermeture des frontières. Les deux premières semaines ont été très dures. Puis sont arrivés de nouveaux clients – des gens qui n’ont pas le temps, d’habitude, et ont découvert la pêche locale avec la crise”, raconte Lionel Brezzo.
Rappelant que ladite pêche sous-entend que les espèces changent selon le moment de l’année. Comme pour les fruits et légumes, illustre-t-il.
Actuellement, on trouvera ainsi du thon, de l’espadon, du rouget, de la langouste, du homard. En hiver, plutôt du maquereau, de la bonite ou du chapon.
Depuis que le déconfinement a été amorcé, les consommateurs ne se ruent plus sur le quai des pêcheurs. Mais les habitués, eux, demeurent au rendez-vous.
Ne reste de la période d’enfermement que la barrière coulissante que Lionel a dû installer pour pouvoir continuer à vendre ses produits – dans le respect des règles sanitaires.
Le pêcheur, qui travaille en famille, s’estime rétrospectivement chanceux. Contrairement à certains de ses collègues en France, il ne fonctionne pas exclusivement avec les mareyeurs et les restaurateurs. “Pour eux, ça a été très difficile avec les établissements fermés. Certains ne sont même pas sortis vu qu’ils n’avaient plus de clients”, glisse le Mentonnais.
Soulignant qu’il n’approvisionne pour sa part que deux ou trois restaurants. Parmi lesquels le triplement étoilé Mirazur, ou encore Sushi Kô – depuis le confinement.
Lui a ainsi pu tenir grâce aux ventes “au cul du bateau”. Et grâce aux livraisons.
En veillant, toujours, à répondre aux attentes. “On pêche juste ce dont on a besoin. J’utilise plusieurs qualités de filets pour varier les espèces. On mise sur la qualité, alors qu’on était davantage dans de la quantité avant”, résume-t-il.
Attaché à cette éthique. “Le nombre de poissons a diminué depuis 20-30 ans. Il y a beaucoup de pollution avec la plaisance. Beaucoup de bruit, aussi”, poursuit-il.
Indiquant avoir vu la différence pendant les deux mois de confinement. “C’était bien plus calme, presque choquant au début. J’ai vu plus de thons, des dauphins, et des requins bleus. Je suis aussi tombé sur un espadon de 18 kg coupé en deux, alors pas sûr qu’ils étaient tous inoffensifs…”
L’humain a désormais réinvesti les lieux. Mais gageons que le goût de la consommation locale, lui, pourrait rester.
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