Dans l'arène du delta du Rhône avec Addict Fishing – Voile et Moteur

Accaparé de toutes parts, tant par les nombreux prédateurs marins que par nous, pêcheurs en tout genre, le delta du Rhône côté large et côté terre présente un incroyable potentiel halieutique. Nous nous sommes laissés guider dans ce bouillon le temps d’une journée par François Joaquim, moniteur et guide de pêche basé à Port Saint-Louis-du-Rhône. Découverte.
Peu répandue sur la côte française, difficile à prendre aux leurres, on la surnomme le « fantôme » et peut vite vous rendre addict si vous avez le
« malheur » de croiser son chemin. Nous parlons naturellement de la liche amie, poisson mythique que nous aurions dû traquer en premier lieu avec François Joaquim, spécialiste en la matière.
Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas sur ce hotspot à liches,
« ces Caranguidés peuvent arriver du jour au lendemain et repartir aussitôt pour d’autres zones du bassin méditerranéen, ou dans leurs habitats de choix que sont les côtes africaines ou maghrébines. D’autre part cette espèce a des mœurs vraiment spécifiques. Présente en été et début d’automne, elle se montre particulièrement active avec un mistral bien établi. Un paramètre hélas trop sporadique cette année » nous explique François.
Et comme les lecteurs de Pêche en mer le savent, 2021 a été vraiment spéciale niveau météo, et ce aussi bien pour les Sudistes que les Atlantiques. François nous livrera son analyse en encadré.
Finalement, en bon guide, le moniteur se devait d’adapter le programme aux conditions. En effet, en cette fin septembre 2021, une belle fenêtre météo, entre deux journées de guidage, se profile pour nous accueillir. D’autant que quelques jours avant notre venue, bonitous, pélamides et thons rouges affichaient la couleur au large du delta : « grosses chasses, des terrains de football ! » Du sport et de l’adrénaline au lancer lourd en premier acte nous attendent donc.
Pour cette journée François est accompagné de Jean-Christophe, dit JC, son acolyte marseillais, venu nous prêter main forte sur cette pêche visuelle. Car oui, si le guide pêche à l’ancienne sans sondeur et matériel électronique dernier cri, il détient un tout autre avantage, et de taille : un charmant ponton privatif sur le Rhône aménagé par ses soins, juste en face de son logement, lui évitant tout passage par l’écluse de Port Saint-Louis. Un gain de temps non négligeable pour celui qui souhaite être aux avant-postes dans l’arène.
Néanmoins, avant de jeter pressbaits, casting jigs et poppers devant la gueule des thons, vous serez chaleureusement invité chez François, pour faire le point, autour d’un petit-déjeuner, sur l’organisation à bord de son bateau, la sécurité, les techniques à adopter et plus globalement sur l’environnement camarguais qu’il connaît comme sa poche.
Nous appareillons donc un peu avant 8h sur son Laguna 21, une coque open américaine de chez SeaRay et nouvellement motorisée avec un Yamaha 150 ch, qui offre un superbe poste dégagé à la proue pour lancer en roulement de trois pêcheurs.
Nous voilà sur les dernières encablures qui séparent les eaux saumâtres du Rhône des eaux salées de la grande bleue et le guide en profite pour apporter quelques précisions sur le déroulement et les conditions de la session :
« Aujourd’hui nous avons un vent très favorable du nord le matin, avec un moment de pétole le midi pour casser la croûte à la bonne franquette ‘tranquille’, et qui virera en sud-est l’après-midi. Plus que jamais ici, que ça soit pour la liche ou les thons, la direction et la présence modérée d’Éole reste un des paramètres majeurs. La zone de pêche se situe vraiment au large de la Camargue, entre la sortie du delta jusqu’au phare de Beauduc. La concentration des poissons varie évidemment, car ce spot est sujet à énormément de contraintes environnementales : débit du Rhône, apport en alluvions et en quantité d’eau douce pouvant plaquer la salinité plus en profondeur, couleur de l’eau, force des courants au niveau de la séparation des eaux et la présence de ‘mange’, le poisson fourrage. »
En sortie de delta, au vu du nombre de pêcheurs présents sur le plan d’eau la journée s’annonce prometteuse.
Chalutiers et autres professionnels s’affairent déjà depuis un bon moment, tandis que les loisirs installent leurs mouillages afin de répandre leur broumé.
Nous, chasseurs, sommes encore à cette heure-ci peu nombreux et voguons sur les eaux calmes à la recherche de la moindre gerbe d’eau qui pourrait trahir la présence des rouges. L’activité peine à démarrer franchement mais les poissons sont bien présents, « la quantité de ‘mange’ sur le secteur est tellement importante qu’elle forme littéralement une barrière entre la surface et les thons qui restent postés sous cette nourriture. »
Une paire d’heures plus tard des « collègues » au broumé nous confirment ce phénomène via des images de sondeur, et conforteront les observations du guide. Une chose est sûre pour François et JC, « dès que le vent de nord se lèvera, le coup d’envoi sera donné. »
Et ça n’a pas manqué. 11h pétante un léger vent de terre vient friser la surface de l’eau, les premières sternes commencent à piquer du bec, les pneus et open des chasseurs partent dans tous les sens, la séparation des eaux bouillonne, la masse de fourrage qui se compose principalement de sardines de 10 cm se rapproche de la surface et de facto les thons avec. Mais pas que. Dans ce joyeux festin se mêlent des dauphins, et des espadons Xiphias – et non des lanciers – qui viendront crever la surface à de multiples reprises.
Nous voilà sur le qui-vive, les thons viennent certes attaquer en surface mais leurs apparitions sont de courte durée. Chaque seconde compte, et François pousse la manette des gaz en butée dès que les thonidés se manifestent.
Une chasse, deux chasses avec des lancers quasi parfaits, mais les spécimens sondent très rapidement. La mer commence à se former, « le clapot marqué va encore plus les attirer sous la pellicule d’eau » indique le guide. « Les poissons vont se nourrir plus longtemps en surface ce qui nous laissera le temps d’arriver et de bien aborder la zone. »
Mais nous ne sommes pas seuls, plusieurs embarcations de chasseurs sont désormais à l’affût et c’est tout aussi sauvage que sous l’eau. Premier arrivé, premier servi, avec tout de même une once de courtoisie par rapport au placement du bateau. Sauf que du côté des thons, le menu proposé par les ferrailleurs ne semble pas leur convenir. Beaucoup de suivis, des attaques, mais rien de piqué.
L’heure de la mi-temps a sonné et la pétole s’est installée. Casse-dalles, boissons et bonne humeur font évidemment partis du package proposé par François, ce qui revigore l’équipage après cet amer match nul de la matinée.
« Comme prévu, le vent de secteur est sud-est devrait se lever sur les coups de 14h, l’activité va reprendre, cela va ressembler à ce qu’on a eu ce matin en espérant que les torpilles soient plus réceptives… » expliquent le guide et son compère. La houle se renforce progressivement, les thons rouges sont un peu plus compliqués à localiser : « Là-bas, là-bas, à tribord ! »
JC posté à la proue fait office de tour de contrôle, agrippé à la main-courante sur la plage de lancer, canne en main, le jeune marseillais reste à poste prêt à propulser ses leurres favoris dès que les spécimens se trouvent à portée de canne. Et c’est gros, largement maillé (1,15 m), voire plus.
Certains thons, au-delà de la maille, nous montrent fièrement leurs flancs argentés et fusent comme des missiles dans les vaguelettes, ce qui ne manque pas de titiller l’orgueil de JC qui finit finalement par être attelé : « Poisson, c’est piqué ! »
Jubilation à bord, car ce statu quo aurait été dur à digérer d’autant que sur la région de Marseille cela faisait quelques temps que le Phocéen n’avait pas piqué de rouge. « Ce n’est pas un des gros qu’on a pu voir dans le clapot, c’est plus petit, mais qu’est-ce que c’est réconfortant ! » Lance JC. Le thon d’une trentaine de kilos finit par être monté à bord pour un rapide décrochage puis une relâche tout aussi rapide.
Le vent d’est se forcit, ce qui oblige le guide à passer au plan B : « L’approche des chasses va devenir encore plus sportive sur ce plan d’eau en dents de scie. La houle atteint quasi le mètre donc je vous propose d’adapter le programme avec une pêche du bord, histoire de voir si quelques loups et tassergals sont actifs en embouchure. »
Il est 16h, François beach son SeaRay juste derrière l’embouchure du Rhône. Ici nous sommes dans un autre monde qui contraste avec les industries du golfe de Fos. À tel point que ces dernières tombent aux oubliettes tant le spot donne un goût d’exotisme. Nature préservée, ou tout du moins non colonisée par l’activité humaine, elle semble tout de même souffrir en silence : érosion du littoral, laisse de mer jonchée de déchets plastiques et filets de pêche posés sur la bande côtière…
La rencontre des eaux saumâtres et de mer forme des contre-courants créant des langues de sable qui s’avancent à plusieurs dizaines de mètres dans la mer. On y trouve également des cuvettes, à l’instar des baïnes du Sud-Ouest, où de plus gros prédateurs peuvent se poster. Equipés en light, avec un walking bait couplé à un avançon monté d’un Raglou en guise de teaser, nous prospectons en éventail le blanc des vagues.
Plusieurs petits loups succombent à la nage erratique des leurres de surface, ou à l’attrait du petit Raglou. L’eau est claire, nous les voyons se jeter goulument sur ces imitations, un pur plaisir.
Cependant « la direction du vent n’est pas idéale, le poisson a tendance à rentrer quand le mistral souffle, mais nous devrions finir par trouver plus gros… » espère le guide.
À force d’insister sur une zone tumultueuse où de plus gros spécimens se tiennent habituellement, nous nous ferons dégommer nos lignes sur des attaques spectaculaires. Loups ou tassergarls, nous ne le saurons pas… Sur le chemin du retour JC persiste tout en marchant jusqu’au moment où nous apercevons une chasse monumentale : « Liche ! Liche ! Vous avez vu les gros muges sauter ?! Elle était monstrueuse !! » Finalement le « fantôme » fit son apparition, tout en puissance, montrant qui est réellement le roi de l’arène.
Originaire de Rognonas dans le département des Bouches-du-Rhône et passionné par la pêche depuis sa tendre enfance, François Joaquim a toujours connu Port Saint-Louis-du-Rhône comme meilleur spot de France. Mordu de ce coin de paradis, il décide en 2001 d’acheter un appartement avec pour vis-à-vis le Rhône. Son bateau est amarré juste en face de son logement, un privilège qu’il a pu mettre en place avec les VNF.
Dans l'arène du delta du Rhône avec Addict Fishing - Voile et Moteur
En 2007 il part à Madagascar afin de découvrir un autre paradis de la pêche. Il y fera ses premières armes dans le guidage à la recherche des poissons de l’océan Indien. Six mois plus tard le guide revient en France, et après moult réflexions il passe un BPJEPS en 2015 pour en faire son activité principale durant la période estivale.
Aujourd’hui, à côté du guidage, il partage sa passion avec les petiots de l’école de pêche du Fishing Club de Port Saint-Louis, en collaboration avec le président Gaël Cavolino, sans oublier aussi son engagement auprès du centre de prévention pour la jeunesse de sa commune, dirigé par Corinne Garcia, afin de faire découvrir l’environnement camarguais à travers la pêche.
« L’année 2021 fut mauvaise, notamment à cause des crues du Rhône du mois de juin jusqu’à fin juillet, de la mauvaise météo et des travaux sur le lac Léman qui ont eux aussi joué sur le débit à la couleur du fleuve. Par conséquent, les poissons n’étaient pas au rendez-vous et la saison a donc subi un décalage. Au mois d’août les conditions de pêche étaient favorables et ont apporté leur lot de belles prises. Le répit était alors de courte de durée car septembre nous a simplement privés de quasi toute sortie en mer : un cauchemar ! »
À la journée ou demi-journée Pêche du thon et de la liche à la journée, loup, tassergal, bonite et maquereau à la demi-journée. Pour plus d’informations : par téléphone au 06 23 15 45 87. À noter que le matériel est compris dans la prestation et que le guide, si les conditions le permettent, vous proposera des journées complètes, de l’aurore au crépuscule.
 
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