Thon contaminé au mercure : des risques différents suivant l’espèce et l’origine ? – Sud Ouest

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L’enquête de l’association Bloom sur le mercure présent dans le thon en boîte a provoqué un électrochoc. Mais le risque est-il le même suivant l’origine du poisson, sa taille et l’espèce consommée ? Réponses avec une spécialiste du sujet
Publié le 29 octobre par l’association Bloom, le rapport intitulé « Du poison dans le poisson » a créé un vif émoi. Il révèle que 148 boîtes de thon sélectionnées de façon aléatoire dans cinq pays européens, dont la France, sont contaminées au mercure. Sans exception. Pour plus d’une boîte sur deux, la teneur en mercure dépasse la limite maximale qui s’applique à d’autres espèces de poissons comme le cabillaud ou les anchois, soit 0,3 milligramme par kilo. Il s’agit de méthylmercure, la forme organique et toxique de ce métal lourd. « Le méthylmercure est présent en quantités importantes quelle que soit l’espèce, quel que soit l’océan dans lequel il est pêché, et quelle que soit l’enseigne où il est commercialisé », précise Bloom.
Directrice de recherche à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), autrice de travaux sur la contamination des thons au mercure, Anne Lorrain explique néanmoins que l’espèce pêchée et son origine ne sont pas sans importance. « La concentration de méthylmercure dans l’océan est généralement plus importante dans les profondeurs. Des bactéries le produisent à partir du mercure inorganique, le plus souvent dans des zones pauvres en oxygène. Les espèces qui se déplacent à 300 ou 400 mètres de fond pour y trouver leurs proies vont ainsi être plus « chargées » en mercure que celles qui se nourrissent dans les 100 premiers mètres de la colonne d’eau », explique-t-elle.
Dans la seconde catégorie, on trouve la bonite à ventre rayé, un poisson qui n’est pas un thon stricto sensu mais qui est commercialisé sous cette bannière sous les noms de thon listao, thon rosé ou thon rose. « Il se nourrit dans la colonne d’eau, à moins de 100 mètres de profondeur », ajoute la scientifique. Or cette espèce pèse son poids dans le commerce du thon en boîte. Elle représenterait plus de 50 % des tonnages pêchés dans le monde.
À l’inverse, le thon obèse (ou « big eye » en anglais), le thon germon (ou thon blanc), le thon albacore (ou thon jaune) et le thon rouge sont des habitués des profondeurs. Leurs proies sont tendanciellement plus intoxiquées au méthylmercure. Et comme ils sont plus gros que la bonite, ils fixent plus de polluants dans leur chair au cours de leur existence.
Le lieu de vie et de pêche des thons fait également varier leur degré de contamination. Car la concentration en mercure n’est pas identique dans toutes les mers du globe. Celle des bactéries qui le transforment en méthylmercure non plus. Une étude récente de l’IRD sur les thons du Pacifique a démontré qu’ils étaient nettement plus contaminés dans le nord-ouest et dans l’est de cet océan, par comparaison avec les autres zones de prélèvement.
Le phénomène de bioaccumulation – l’augmentation de la concentration de méthylmercure dans l’organisme – est particulièrement net pour les super prédateurs comme le thon. Cette concentration peut être un million de fois plus importante dans la chair d’un requin, d’un espadon ou d’un thon que dans l’eau de l’océan. Les espadons sont encore plus problématiques pour la santé humaine que les thons : ils vivent plus longtemps, ils chassent à plus grande profondeur et ils consomment des proies plus grandes, donc plus chargées en méthylmercure.
Certaines espèces ont toutefois des mécanismes de défense qui leur permettent de se débarrasser d’une partie du polluant ingéré. C’est notamment le cas des marlins, que l’on rencontre dans les eaux tropicales. Des oiseaux marins sont également dotés de cette faculté. Établis eux aussi au sommet de la chaîne alimentaire océanique, les mammifères marins présentent une contamination similaire à celle des poissons prédateurs. Par exemple le béluga, traditionnellement chassé par les Inuits pour sa chair.
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