Poisson rejeté par le passé, “le faux thon” ou “faux poisson” est devenu aujourd’hui une ressource halieutique de valeur sur le marché. Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi ce poisson divise-t-il subitement les acteurs de la pêche ? Enquête.
Marché du port de pêche d’Abidjan-Treichville, samedi 03 octobre 2020. De gros poissons thon d’au moins 100 kilogrammes disposés sur une table de fortune recouverte de sachet noir, attirent notre attention. «Approchez madame, nous allons vous arranger », propose le vendeur. De près, ces poissons thon ne semblent pas frais. Certains portent des entailles au niveau de la chair et d’autres ont une ou plusieurs nageoires. D’autres encore ont la bouche broyée, les yeux globuleux et, ou les deux (2) organes qui saignent. On compte une diversité d’espèces. On y trouve des Albacores ou Thon jaune (Yellowfin), qui, selon les spécialistes, est une espèce de thon qui, adulte, peut atteindre 2,39 mètres pour un poids de 100 à 200 kilogrammes ; le Patudo, thon aux grands yeux (Bigeye), semblable à l’albacore, peut atteindre 300 kilogrammes. Le thon listao ou bonite à ventre rayé (skypjack), dont le plus gros pèse entre 3,8 et 4 kilogrammes. Sont aussi concernées, des thonités mineures et toutes autres faunes pélagiques telles que des espardons, des voiliers et des carpes, les brochets, les bananes de trop petite taille, abimés ou mal conservés, pêchés au même moment dans les océans. « Ils sont blessés parce qu’ils se débattent pour entrer dans le filet», ont justifié des mareyeurs. Ces poissons qui semblent avariés, et ôtent toute envie de consommation, sont vendus au marché du port de pêche d’Abidjan, capitale économique ivoirienne. « Ces poissons pêchés par des navires en mer sont rejetés par les conserveries thonières installées en zone franche portuaire après un tri parce qu’ils ne rentrent pas dans leurs normes de production et ne peuvent pas être valorisés à l’exportation », déclare le mareyeur grossiste qui répondait à notre question relative à la provenance de ces ressources halieutiques. Un autre acteur qui semble bien instruit sur l’évolution de ce secteur d’activité révèle que de ce processus de rejet, est « né le terme ‘’ faux poisson’’ ou ‘’faux thon’’». La dénomination “faux thon”, ajoute Jules Tanoh de Interocéan rencontré à son siège au port de pêche, « est utilisée par l’administration ivoirienne pour dissocier le thon qui va à l’usine pour la transformation en conserve et destiné à l’exportation du thon rejeté par les industries thonières et vendu sur le marché local. Les “faux poissons” ou “faux thon” sont capturés au même moment que les thons, parce qu’ils sont tous des pélagiques et vivent à la surface des eaux de mers ».
De la godaille à la création d’un marché
Il ressort des informations recueillies auprès de la Direction de l’Aquaculture et des Pêches (Dap), et des travaux de recherches que ce “faux-poisson” constituait ce que les pêcheurs appellent traditionnellement la “godaille”, c’est-à-dire des poissons sans valeur. Il y a des décennies en arrière, apprend-on, ces poissons étaient soit jetés à la mer par les armateurs, soit offerts aux membres des équipages qui les vendaient à vil prix, et se partageaient le gain. « Jusqu’à une période récente, les armateurs fermaient en général les yeux sur cette pratique de vente informelle », rapporte le directeur de la Dap. « Parmi ces poissons certains sont saumurés, et contiennent une quantité importante de sel, parfois dangereux pour la santé. La saumure (eau salée) est une solution aqueuse d’un sel, généralement de chlorure de sodium (sel de cuisine) NaCl, saturée ou de forte concentration), utilisée par les armateurs pour conserver les poissons pendant la marée qui dure quarante-cinq ( 45) jours. Comme ces poissons ne sont pas impropres à la consommation, ils étaient vendus à vil prix et accessibles à toutes les bourses », confie Jules Tanoh de Interocéan. D’autres sources précisent que ce poisson a été revélé et mis en valeur par des ressortissants de la sous-région à travers le commerce du garba (un met concocté à base de sémoule de manioc cuit à la vapeur accompagné du thon frit, du piment, de la tomate et de l’oignon frais), prisé en Côté d’Ivoire et accessible à toutes les bourses.
C’est ainsi que ce poisson, nutritif, qui était une source importante de protéines pour la classe moyenne, est rentré dans les habitudes alimentaires des populations ivoiriennes. Il a commencé à avoir de la valeur. Outre le garba, ce faux thon sert à faire le tchep (un met composé de riz au poisson, spécialité sénégalaise). Mais aussi à concocter d’autres mets dans les ménages que les restaurants, hôpitaux, internats, entre autres. Frit, cuit à la vapeur, braisé ou fumé. Chacun y trouve son compte.
Il est utilisé lors des grandes occasions (anniversaire, mariage et obsèques). « A chaque fois que je dois organiser une grande cérémonie chez moi, je préfère acheter trente (30) à quarante (40) mille fcfa de ce faux poisson, et je fais découper. C’est avantageux », témoigne une consommatrice, qui dit se nommer Beugré Rosa au marché du port. Ses propos sont soutenus par d’autres consommateurs dont des restauratrices. Tous apprécient ce poisson.
La demande croissante du faux thon, de plus en plus prisé, a contribué à la création d’une filière locale informelle, connue sous le nom de ”secteur de faux-poisson ” ou ” faux thon ” vers les années quatre-vingt-dix (90). Cette initiative intervient parallèlement au secteur d’importation de poissons congelés, lit-on dans le rapport d’une enquête réalisée par des chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement (Ird) Bassam et Montpellier et le Centre de recherche océanographique (Cro).
Du désintérêt au regain d’intérêt
Selon ces chercheurs, ce regain d’intérêt va amener les armateurs à reconsidérer leur position face au faux thon, vu comme une opportunité de tirer des ressources additionnelles. Ils vont écarter les membres des équipages et prendre en main cette activité devenue lucrative. Avec le temps, l’on va assister à l’explosion des débarquements au début des années 90. Les débarquements pouvaient atteindre jusqu’à cent cinquante (150) ou deux cents (200) tonnes par marée pour les senneurs ayant les plus grandes capacités de stockage, mille (l 000) tonnes et plus. La direction de l’Aquaculture et des pêches révèle que certains armateurs préfèrent débarquer uniquement le “faux thon” et le” faux poisson” qu’ils trouvent plus rentables, et jouir pleinement des potentialités de ce marché désormais juteux.
L’importance de ce secteur est aussi appréciée du côté de l’administration ivoirienne. Une réalité perceptible à travers la mise en place de dispositions pour encadrer les acteurs et leurs activités. L’une des importantes dispositions est relative à la prise en compte du faux thon dans la nomenclature douanière, où une tarification est imposée à chacun des produits listés.
Concernant les services des pêches, il n’existe pas encore de taxes spécifiques pour le faux thon, informe Dr Sanogho Yacouba du service d’inspection de contrôle sanitaire vétérinaire en frontière (Sicosav), un maillon essentiel de la sécurité sanitaire alimentaire en Côte d’Ivoire. Mais d’aucuns évoquent la nécessité pour l’administration de prendre en compte cet aspect pour une meilleure maîtrise de la filière faux thon” .
En attendant, un jeune homme qui se fait appeler Yoalla Thré, et se disant employé d’un mareyeur grossiste, lève le voile sur ce qui ce passe au niveau de la douane. « Le commerce du faux thon destiné au marché local, et à la consommation directe est régi par la déclaration D23, et sa tarification est différente de celui qui va à l’usine pour être transformé en conserve», fait-il savoir. L’autre disposition administrative est matérialisée par l’existence du décret n°93-312 fixant les conditions d’exercice, et d’identification des professions de ce secteur d’activité. En plus, un arrêté interministériel dont les ministères des Ressources animales et Halieutiques et du Commerce et de l’Industrie sont signataires assure la délivrance des agréments. Deux (2) sessions ont lieu par an. Pour ce qui est du faux poisson et faux thon, un rapport de la première session délibéré le 29 juillet 2020 relève que dix (10) sur quarante-neuf (49) mareyeurs grossistes du faux thon ont accès aux bateaux, après qu’ils ont reçu chacun un agrément. Des agréments ont été également attribués à dix-sept (17) mareyeurs demi-grossistes de faux thon, entre autres.
Les autres acteurs tels que les consignataires et manufacturiers doivent, eux aussi, disposer d’un agrément, renouvelable chaque année. Au service du commandant de bord, le consignataire de navire travaille pour le compte d’un armateur (propriétaire de navire). Il a un rôle à la fois commercial et administratif, et est sollicité par un armateur en qualité de représentant dans le pays où il fait l’escale commerciale de sa capture après quarante-cinq (45) jours de marée. Le consignataire se charge de toute la procédure administrative imposée par cette transaction. Il peut s’agir d’un transbordement en mer pour une autre destination ou au niveau local, solliciter des manutentionnaires pour faire le tri des poissons de la cargaison. Précisément ce que l’usine thonière rejette ou prend. Ces poissons rejetés sont ceux vendus aux mareyeurs sur le marché local. Dans la chaîne de commercialisation, les mareyeurs grossistes ont obligation de traiter avec les armateurs. Ces grossistes approvisionnent les demi-grossistes. Ces derniers livrent le “faux thon” aux détaillants qui, eux, les vendent aux consommateurs. Des acteurs estiment que pour une maitrise du prix du faux thon, le ministère des Ressources animales et halieutiques devrait instaurer l’autorisation préalable d’importation spécifique au faux thon, assortie d’une obligation de contrats d’achat des ressources halieutiques à bord des thoniers avec certaines mentions, notamment les parties liées par le contrat, tels que les noms de l’acheteur, celui du commandant du navire ou de son représentant.
Mais avant, il convient de relever que malgré les efforts consentis par l’État pour mieux l’encadrer, beaucoup reste à faire dans ce secteur, encore confronté à d’énormes difficultés. Certaines réalités le justifient.
Coups bas, razzia, concurrence déloyale, préjudices
L’une des préoccupations concerne l’accès à la ressource par les acteurs. Des informations collectées de part et d’autres et vérifiées sur le terrain révèlent que l’agrément ne suffit pas pour accéder facilement au faux thon. Il faut en plus la disponibilité de fonds. Pour exercer ce commerce, il faut de gros moyens. « Même si on vous vend au bas mot à cent (100) franc Cfa le kilogramme du faux thon, les vingt (20) tonnes font 20 millions de franc Cfa. Imaginez un peu celui qui prend une cargaison », fait remarquer un grossiste.
Faute de gros moyens, des entreprises disposant d’un agrément sous-traiteraient avec d’autres, d’après certaines informations recueillies auprès des opérateurs, qui se sont gardées d’aller au-delà, aussi bien l’administration. L’autre fait qui caractérise ce secteur, c’est qu’il y règne la loi du plus fort. Mieux, les plus forts écrasent les petits. C’est l’argent qui compte. Force revient au plus offrant. En effet, des mareyeurs grossistes désireux de vouloir contrôler le secteur et assurer le monopole, sont prêts à y mettre autant de moyens qu’il faut pour atteindre leurs objectifs. « Certains se donnent les moyens pour détourner des cargaisons déjà commandées par leurs concurrents. Ils font une véritable razzia à leurs concurrents, rien que pour avoir le monopole du secteur. Nous avons été plusieurs fois confrontés à ces désagréments », dénonce un mareyeur grossiste de faux thon qui a requis l’anonymat.
Des employés de mareyeurs grossistes victimes ont témoigné. Par exemple, explique Madaou Shérif, pour faire une commande un mareyeur peut convenir avec l’armateur d’un montant de cinq cents (500) francs Cfa le kilogramme du faux thon bord bateau. Mais, si un autre grossiste lui propose cinq (5 ) fcfa, ou dix (10 ) fcfa de plus, l’armateur lui vend la marchandise.
Risques et préjudices
Malheureusement, cette concurrence déloyale voulue par des mareyeurs grossistes a favorisé le renchérissement du prix du “faux thon”. « Avant, il (le faux thon/ Ndlr) était vendu à 50, 100 et 150 francs Cfa 1993-1994, juste après 1993, le prix est passé de 200 et 300 francs Cfa. A ce jour, ce poisson se vend à 500, 600 voire 700 francs Cfa, 800 fcfa », font remarquer M. Tano Jérôme et son collaborateur, des responsables de InterOcéans, entreprise de consignation et grossiste de faux thon et importation de poissons congelés.
Cette réalité est accentuée par d’autres facteurs notamment les rapports avec les armateurs. En effet, ce secteur est tenu à 99 % par des ressortissants de la Cedeao (Burkinabé, Maliens, Nigériens etc). Ces communautés travaillent de père en fils depuis des décennies. « Cette ancienneté nous confère un avantage privilégié auprès des bateaux français et espagnols qui nous vendent le poisson à des prix qui ne dépassent pas 300 fcfa, parce que nos parents ont dû tisser des relations de partenariat et de confiance avec eux », se félicite un mareyeur demi-grossiste, Moumouni K. Ce qui n’est pas le cas pour les nouveaux acteurs qui traitent avec des armateurs de nationalité différente. « Ils vendent leurs poissons au plus offrant. Les prix peuvent augmenter d’un moment à un autre. C’est difficile. Du coup, celui qui achète le faux thon à six cent (600) ou sept cent (700) francs Cfa ne peut pas le vendre au même prix que celui qui l’acquiert à moindre coût. Mais pour des exigences du marché, nous consentons ces sacrifices », a regretté un responsable d’une entreprise de consignation, qui a requis l’anonymat.
Cette surenchère au niveau des prix bord bateau occasionnent souvent des pertes financières importantes et la non-solvabilité des mareyeurs, puisque la rentabilité d’une opération d’achat/revente de « faux-poisson » dépend largement des conditions du marché et sur la base de la confiance. « Nous livrons les poissons aux demi-grossistes ou détaillants sur la base de la confiance. Ces clients nous payent après la vente. Mais certains fuient avec notre argent, d’autres sont décédés. Des véreux prennent carrément notre dû pour acheter le poisson avec nos concurrents. Nous enregistrons un préjudice énorme estimé à plusieurs centaines de millions de francs perdus », regrette un responsable de InterOcéans.
Marcelle AKA
Encadré 1 / Et si l’État harmonisait les prix bord bateau
Les prix d’achat et de revente pratiqués par les mareyeurs grossistes restent cependant extrêmement variables et dépendent directement de l’abondance relative du « faux-poisson ». La concurrence déloyale qui prévaut dans le secteur a des conséquences sur les bénéfices. Des mareyeurs déplorent une constante diminution de leur marge bénéficiaire face à la hausse des coûts divers, en hausse, payés aux navires. S’agissant des prix, des mareyeurs confient qu’une bâchée fait cinq (5) tonnes. Si le kilogramme est vendu par exemple à trois cents (300) ou trois cents cinquante (350) francs Cfa ou six cents (600) à sept cents (700) francs Cfa en fonction de l’armateur, il y aura forcément une différence du prix au détail. Des acteurs préoccupés lancent alors un cri du coeur au gouvernement pour une harmonisation des prix bord bateau afin de permettre à plus de jeunes de s’intéresser à ce secteur porteur d’emplois. Aussi, souhaitent-ils dans cette dynamique que l’accès au secteur face l’objet d’une autorisation préalable d’importation spécifique au faux thon, soutenu par un contrat d’achat bord bateau.
M.A.
Encadré 2 / Rendre le secteur plus accessible aux femmes et aux jeunes
Les femmes occupent une place importante dans la vente et la transformation des produits halieutiques. La disponibilité du poisson sur toute l’année est une autre réalité qu’il faut gérer. Or, la période de la grande pêche dure de juin à octobre. A la mi-octobre, on assiste à une diminution de la ressource, marquée par la pêche à petite échelle de la sardine. En suite, la capture abondante des sardines se fait en septembre et octobre. Après cette période, les femmes (mareyeuses) n’ont plus accès facilement au poisson pour approvisionner les marchés. Quant au faux thon qui est pêché sur toute l’année, elles y ont malheureusement accès parfois en 4è et 5è main, et à des coûts exorbitants. Dans la recherche de solution, l’Union européenne (Ue) avait sollicité une étude pour mieux comprendre les préoccupations des mareyeuses, leur relation avec les armateurs et autres acteurs impliqués dans la chaîne de distribution du faux thon.
Selon Aka Allou, coordonnateur du Programme d’appui à la gestion durable des ressources halieutiques (Pagdrh), à l’issue de cette étude, l’Ue avait prévu mettre à la disposition des mareyeuses cent (100) millions de francs Cfa, pour qu’elles aient un accès directe au faux thon. « Mais la réalisation de cette étude a été retardée par la pandémie de la Covid-19. Les 100 millions francs Cfa ne sont pas encore octroyés », précise-t-il. Entre temps, dans le dernier protocole 2018-2024 de l’accord de partenariat de pêche, au titre de l’accès à la ressource, un montant de dix-sept (17) millions de francs Cfa a été mis à la disposition des mareyeuses femmes à titre d’appui du ministère à ces femmes.
M.A.
Encadré 3/ La question du Dcp et la durabilité du secteur
Le port d’Abidjan est de plus en plus sollicité par les armateurs à cause des différentes prestations et services. Mais aujourd’hui, il se pose un problème de durabilité du thon. Parce que comme le faux thon est de plus en plus demandé, les amateurs pêchent même des juvéniles avec des dispositifs de concentration de pêche (Dcp), sortes d’objets flottants munis de toutes les technologies de localisation et qui attirent les bancs de thons. A partir de l’ordinateur de leur bureau, ils localisent le Dcp en mer et peuvent connaître l’abondance de poisson en dessous ou qui y gravitent.
« Les armateurs attirent les bandes de poisson avec le Dcp. Puis ils les entourent avec un gros filet et ramassent tout sur leur passage. Tous les juvéniles pêchés dans ces circonstances sont aussi considérés comme des faux poissons et faux thon (pour les thonités juvéniles) », déplore le directeur de l’aquaculture et des pêches, Dr Shep. Les résultats des études récentes de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT/CICTA), indiquent que les stocks de thon obèse (bigeye) et de thon albacore (yellowfin) sont surexploités du fait de développements des pêcheries utilisant les Dcp.
D’année en année, le stock des espèces dans les océans est en baisse. Des espèces telles que l’albacore et le thon obèse sont menacés. Quand on sait que le thon a une valeur commerciale internationale, matière première pour le développement de l’industrie thonière dans le monde, il y a lieu de craindre avec la menace de l’extinction de ces poissons. Autant les conserves vendues dans le monde contribuent à la sécurité alimentaire, autant leur fabrication dans les conserveries contribue à la création d’emplois. En Côte d’Ivoire, l’industrie thonière, annonce le Comité administration du régime franc (Carf), emploie près de trois mille cinq cent (3500) travailleurs directement dont plus de soixante-dix pour cent (70 %) sont constitués de femmes. Ce secteur fait vivre de façon indirecte près de quarante milles (40.000) personnes grâce aux activités connexes (emballage, consignation, manutention, fabrication de farine de poisson pour l’aviculture et la pisciculture etc). Aussi, l’industrie de la transformation des produits halieutiques joue un rôle important dans l’économie ivoirienne. En effet, l’exportation des conserves de thon représente 70 milliards de francs Cfa sur quatre cents soixante (460) milliards de francs Cfa de recettes d’exportation enregistrées chaque année par la Côte d’Ivoire vers le marché européen, soit quinze pour cent (15%) des recettes d’exportations. Si rien n’est fait pour gérer durablement ce secteur, ces avantages seront perdus et l’économie va prendre un coup.
M.A.