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Une boîte de thon vous a surement dépanné plus d’une fois pour cuisiner sans perdre de temps. Or, vous étiez loin de vous douter que ce geste vous expose à une substance problématique. Une enquête menée par l’ONG Bloom, qui a fait analyser par un laboratoire indépendant 148 boîtes de conserve de thon achetées dans les dix plus grandes chaînes de supermarchés de cinq pays européens (Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, France et Italie), a mis en avant la présence de méthylmercure dans la plupart des références. L’enquête a été partagée le 30 octobre 2024 par 60 Millions de consommateurs.
« Plus d’une boîte testée sur deux (57 %) dépasse la limite maximale en mercure la plus stricte définie pour les poissons (0,3 mg/kg) », précise l’association de défense des océans dans son rapport intitulé Du poison dans le poisson.
Le problème ? Le méthylmercure est un métal lourd toxique pour le système nerveux. Même en faibles quantités, l’ingestion régulière de méthylmercure est néfaste pour la santé, « en particulier (mais pas uniquement) pour le développement cérébral des fœtus et des jeunes enfants », souligne l’ONG qui ajoute que le thon est le poisson le plus vendu en Europe.
La référence qui présente le plus haut niveau de contamination n’est autre la marque Petit Navire (Carrefour City), qui affiche une teneur record de 3,9 milligrammes par kilo (mg/kg).
«Et les boîtes de la même marque achetées dans deux magasins Lidl de Lyon affichent respectivement des taux de 0,16 et 0,21 mg/kg», rapporte 60 Millions de consommateurs. Pourquoi un tel écart ? « Cela dépend de la zone de pêche (car la pollution n’est pas la même partout dans le monde), de l’espèce (germon, albacore…), et du poisson lui-même : plus il est âgé, plus il a eu le temps d’accumuler du mercure dans son organisme », explique à l’association de consommateurs Xavier Lefebvre, ingénieur agroalimentaire à l’Institut national de la consommation. A savoir que le thon étant un prédateur, il ingère les métaux lourds présents dans ses proies et se retrouve ainsi bien plus contaminé en mercure que de plus petites espèces comme les sardines ou les anchois.
«Au cours des trois dernières années, nous avons réalisé 270 contrôles. Les résultats de ces contrôles n’ont jamais révélé de taux de mercure supérieurs aux normes européennes en vigueur et sont en moyenne compris entre 0,2 et 0,3 mg/kg, soit 70 à 80 % de moins que la limite autorisée », commente Petit Navire.
Si nos autorités recommandent de se limiter à la consommation de poisson à deux fois par semaine, c’est parce que le poisson constitue la principale source d’exposition alimentaire de l’être humain au méthylmercure. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) appelle donc à « limiter la consommation de poissons prédateurs sauvages, susceptibles d’être fortement contaminés : thon, bonite, raie, dorade, loup (bar), lotte (baudroie), empereur, grenadier, flétan, sabre, brochet, etc. ».
En 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) établissait qu’au moins 5 % de la population européenne dépassait la dose hebdomadaire tolérable de sécurité pour le méthylmercure, en particulier chez les enfants et adolescents.
