« Ici, on bosse pour nous, pas pour des macs ! » – Maville.com

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Une vingtaine de camionnettes et quelques filles travaillant à pied occupent chaque jour les bords de la route de Saint-Calais, haut lieu de la prostitution en Sarthe.
Clarisse*en rigole : « Vous croyez qu’à 53 ans, je vais donner les quelques euros que je gagne à un mec. Non, ici, on bosse pour nous, pas pour des « macs ». Vous savez, il n’y a pas plus maligne qu’une Camerounaise », s’amuse la quinquagénaire qui se dit grand-mère. Installée à l’avant de sa camionnette d’où jaillissent de forts effluves d’encens, elle porte un soutien-gorge au décolleté généreux et une étoffe légère qui dissimule ses jambes.
Stationnée sur un petit parking aux chemins sablonneux qui serpentent entre les pins, un peu avant la butte d’Ardenay-sur-Mérize, Clarisse attend le client en regardant filer les semi-remorques qui tracent sur la D 357, en direction de Saint-Calais. Elle dit que ça fait 20 ans qu’elle travaille le long de cette route qui constitue le haut lieu de la prostitution en Sarthe.
Sur une douzaine de kilomètres, entre le rond-point d’Auvours et la commune du Breil-sur-Mérize, une quinzaine de prostituées en camionnette et quelques filles tapinant à pied sur une route de forêt attendent chaque jour le client du matin au soir. La grande majorité d’entre elles est originaire d’Afrique centrale. La plupart habite dans le département et elles n’ont plus 20 ans.
Jugées début avril devant le tribunal correctionnel du Mans où elles étaient poursuivies pour « proxénétisme aggravé », quatre d’entre elles attendent la décision qui doit être rendue cet après-midi. Ce qu’on leur reproche ? D’avoir partagé les bords de la route avec leurs soeurs ou leurs cousines. D’avoir acquis un véhicule à deux ou d’avoir joué les taxis pour raccompagner des « collègues de la route » au Mans. Voire d’avoir fait la police dans ce milieu hostile, où elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes.
« C’est la pauvreté qui nous a amenés ici »
Alors, travaillent-elles à leur compte ? Dépendent-elles d’un proxénète qui relève les compteurs ? Les filles interrogées sont unanimes. Ici, les « maquereaux » n’ont pas le droit de citer. « Dans le coin, il n’y a que des femmes mûres qui ont roulé leur bosse. L’État, via l’Urssaf, est bien le seul mac que nous ayons à supporter. On paye mais on n’aura aucune retraite, râle Isabelle, 36 ans. C’est la pauvreté qui nous a amenés ici. Moi, je fais ça pour aider ma famille ici et au Cameroun. »
Devant sa chaise en plastique où elle s’assoit pour s’offrir régulièrement un peu de repos, Bernadette, la quarantaine, minijupe et chemisier jaune, se déhanche au son de la musique diffusé par son téléphone portable. Elle travaille à pied. « Je n’ai jamais vu de mecs qui plaçaient des filles. Une seule fois, un gars de l’Est s’est arrêté et m’a demandé où il pouvait installer des nanas. Je lui ai répondu que s’il faisait ça, je le balancerais tout de suite aux gendarmes. »
Chaque jour, Bernadette doit se payer le taxi pour venir du Mans et y retourner. « Ça me fait au moins 30 € à sortir », dit-elle. Alors elle ne crache pas dans la soupe quand une fille en camion propose de la ramener. « C’est comme dans un bureau entre collègues. On ne va pas laisser son voisin dans la m C’est considéré comme du proxénétisme ? Non, c’est juste de la solidarité », estime-t-elle.
« On peut quand même s’entraider. Il y a quelques semaines, il faisait froid, la nuit était tombée. J’ai ramené au Mans une fille qui faisait du stop. Aurait-il fallu que je la laisse au bord de la route ? La vie est déjà dure. Qu’on arrête de nous bassiner », s’agace Clarisse.
De l’autre côté du département, une poignée de prostituées en camion travaille aussi sur le bord de la départementale qui mène en Mayenne. Au volant de son camion sur le parking de l’aire de repos de Saint-Denis-d’Orques, Annette, 38 ans, estime que « les filles qui bossent pour des proxénètes sont souvent des jeunes, sans-papiers ou toxicomanes. On n’a plus l’âge de se faire avoir par un mec. Et puis il y a ce projet de loi pour sanctionner les clients. La vie est déjà assez compliquée. »
Igor BONNET.
 
*Tous les prénoms des prostituées ont été modifiés pour assurer leur anonymat.
 
L’ambiance / le décor
Le rapport qualité / prix

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