Cinq applis pour se guider dans la jungle alimentaire – Reporterre

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Durée de lecture : 8 minutes
Entre exigence de santé, préservation des ressources naturelles et assurance d’une production socialement juste, choisir les produits alimentaires n’est pas simple. Reporterre a étudié cinq applications pour téléphones mobiles qui proposent d’aider les consommateurs dans leurs choix.
De la viande de cheval dans les lasagnes, des matières fécales dans les pâtisseries ou plus récemment des laits infantiles contaminés aux salmonelles… Depuis le scandale de la vache folle, les affaires s’enchaînent pour l’industrie alimentaire. C’est peu de dire que les consommateurs commencent à douter de la qualité de ce qu’ils trouvent dans leur supermarché. L’heure est au besoin d’information et de transparence. Pourtant, il est facile de se perdre entre les étiquettes nutritionnelles, les ingrédients, les labels, la provenance… Sans parler des listes interminables d’ingrédients douteux, d’additifs, de colorants et de conservateurs classés sous les noms sibyllins de E120, E130, E450…
Depuis quelques mois, des applications pour téléphones mobiles entendent nous guider dans ce labyrinthe des informations. Scanner un produit et connaître son contenu nutritionnel, éviter le gaspillage ou encore consommer de façon durable, tout cela grâce à son smartphone ? 18 % des Français et Françaises utiliseraient aujourd’hui ce type d’application, selon l’Observatoire Société et Consommation. Nous en avons testé cinq pour savoir si elles nous aident vraiment à mieux consommer.
Au supermarché, vous hésitez entre deux produits, impossible de comprendre les étiquettes et donc de décider lequel est le plus sain. Le nouveau réflexe est de sortir son smartphone et de scanner le code-barre avec l’appli Yuka. En une seconde, la page du produit répertorie tous les détails : fibres, protéines, calories, graisses, sel, sucre, additifs. Surtout, Yuka nous donne une note sur cent et une catégorie, d’excellent à mauvais. C’est extrêmement simple et rapide. D’où les six millions d’utilisateurs revendiqués par l’application depuis son lancement en janvier 2017.
La note se fonde sur le système d’étiquetage NutriScore, sur la classification des additifs nocifs de UFC Que choisir ainsi que sur l’origine du produit (bio ou pas, français ou européen). Parfois, le scan révèle des surprises, comme des galettes de riz au chocolat noir bio jugées médiocres car trop grasses, trop caloriques et trop sucrées. Dans ces cas-là, Yuka fait une recommandation pour un produit plus sain. Cependant, l’application a ses petites failles : vu qu’elle étudie 100 grammes de produit, du miel sera jugé trop sucré et du beurre trop gras. Il faut donc prendre du recul sur la note donnée.
Depuis quelques mois, Yuka propose également une analyse des cosmétiques dans la même interface. L’application revendique son indépendance, pas de collaboration avec des marques ni de publicité, elle est financée par un programme nutrition en ligne et les dons des utilisateurs. Son modèle économique prévoit des suppléments payants dans l’application. Pour donner ses résultats, Yuka s’appuie sur la base de données indépendante et collaborative OpenFoodFacts, qui possède elle aussi sa propre appli.
En 2012, Stéphane Gigandet, créateur d’un site de recettes, a l’idée de fonder une base de données ouverte et gratuite surnommée le « Wikipedia de l’alimentation ». 418.000 produits y sont aujourd’hui répertoriés en France, plus de 660.000 dans le monde. La liste, gérée par une association, sert donc de source à Yuka, mais aussi à une centaine d’autres applications de consommation. Quelques marques soumettent des informations sur leurs produits, comme Fleury Michon ou Sodebo, mais la grande majorité des informations reste toutefois ajoutée par les consommateurs eux-mêmes.
Sur l’application mobile, même principe que Yuka, on scanne et on retrouve la fiche produit avec le fameux NutriScore, les qualités nutritionnelles, les additifs… Yuka est donc une version plus stylisée et didactique des données de OpenFoodFacts. À noter que cette dernière est sans but lucratif, contrairement à Yuka. Pas de note, pas de catégorie, pas de recommandation, elle offre davantage de détails mais les informations sont plus difficiles à déchiffrer. OpenFoodFacts est un projet essentiel pour faire avancer la transparence alimentaire, même si son application est un peu plus compliquée à utiliser pour les non-initiés.
Ce que l’on choisit de mettre dans nos assiettes a des conséquences sociales et écologiques. C’est le point de départ de BuyOrNot, appli lancée en septembre dernier pour nous guider dans notre consommation. Elle a été créée par l’association I-buycott, plateforme collaborative de campagnes de boycott ouverte en 2016.
On commence toujours avec un scan du produit. Ici, deux onglets s’affichent : l’incidence sur la santé (qui s’appuie aussi sur OpenFoodFacts et Nutriscore) et l’incidence sociale. Quand vous choisissez un produit, BuyOrNot vous informe si le fabricant traine un scandale environnemental ou social. Par exemple, en scannant un jus d’orange de la marque Innocent, vous saurez que cette dernière est détenue par Coca-Cola. L’appli vous mène alors sur la page d’une campagne contre Coca-Cola, qui « pille l’eau de la planète et assoiffe les peuples », un boycott soutenu par plus de 30.000 personnes. Il suffit de cliquer sur l’onglet pour lire les revendications et, éventuellement, participer au boycott. L’appli propose aussi une liste d’alternatives plus éthiques. BuyOrNot veut être un outil d’information et de prise de pouvoir du consommateur sur ce qu’il y a dans son assiette. Une idée intéressante, même si les données sur les industriels sont limitées puisqu’elles sont uniquement liées aux campagnes de boycott qui existent sur la plateforme.
Cette application affirme qu’elle sauve chaque jour trois tonnes de nourriture des poubelles. En fait, Too Good To Go fonctionne sur la géolocalisation : on se connecte et on voit tous les commerçants qui proposent des paniers d’invendus autour de nous. En tout, 10.000 paniers sont proposés chaque jour par 4.500 commerçants. Par exemple, un restaurant chinois à 200 mètres vend un panier-surprise composé d’une entrée et d’un plat à 6,50 euros, qu’il faudra aller chercher entre 21 h 40 et 22 h 5. La liste comprend aussi des restaurants orientaux ou à sushis, des cafés, des boulangeries et même de nombreux supermarchés. Des paniers d’invendus proposés entre 2 et 8 euros. L’appli, fondée au Danemark en 2015 et lancée en France en 2016, empoche quant à elle, une commission d’un euro sur chaque repas vendu.
Quand on connaît les retombées de notre alimentation sur la planète, certains réflexes semblent évidents : moins de viande, des légumes et fruits bio, peu de produits industriels. Mais beaucoup de questions restent en suspens : quelle saison pour les blettes ? Quel poisson pour ne pas menacer la biodiversité ? Quelle différence entre le vin bio et le vin en biodynamie ? Même avec une conscience écologique assez développée, on peut vite se sentir perdu. L’application Etiquettable veut répondre à ses interrogations.
Cinq sections sur la page d’accueil : aliments de saison, poissons recommandés, recettes durables, astuces et infos et restos engagés. Pour le mois d’octobre, par exemple, on peut se jeter sur la poire, l’aubergine ou le brocoli. En cliquant sur la tomate, on découvre ses pays de production et sa saison, de mai à octobre. L’appli indique aussi que si elle est consommée en saison, on réduit de 91 % l’émission de CO2. Quant aux poissons, ils sont listés entre les espèces non menacées (bonite, hareng, poulpe), les espèces menacées selon les zones, comme le cabillaud, et enfin, les espèces menacées (thon rouge, moules sauvages, anguilles). Les recettes proposées sont notées selon les incidences environnementale, sociale et sur la santé.
À chaque plat, son empreinte carbone selon les saisons et les ingrédients utilisés : 360 g de CO2 par personne pour ces muffins à la peau de banane, 842 g pour ce poulet au vin blanc et citron. Dans la partie astuces et infos, on retrouve des explications sur les labels, le vin bio, le local ou le liquide vaisselle maison. Pour les adresses, l’appli nous informe des endroits locavores, véganes, bons pour le climat ou bio qui se trouvent autour de nous.
Etiquettable est le travail d’ingénieurs de ECO2 initiative, un cabinet de conseil en développement durable, parti du constat que 30 % des émissions totales produites par l’activité humaine sont liées à notre alimentation. Ils ont regroupé les informations de l’Ademe (l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), de Ethic Océan et de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et ont fait appel à des nutritionnistes, économistes et ingénieurs, experts en alimentation durable. Le résultat est un outil du quotidien pour quiconque se pose des questions sur son alimentation. Pratique, très facile d’utilisation, Etiquettable rassemble beaucoup d’informations expliquées et vulgarisées que l’on retrouvait jusque-là éparpillées sur différents sites internet.
Chacun trouvera son compte dans ces applis. On peut ainsi s’orienter dans les magasins en fonction de ce qui est meilleur pour notre santé, participer à des campagnes de boycott pour faire bouger les industriels, connaitre l’empreinte carbone de nos assiettes, éviter le gaspillage alimentaire ou faire un choix éclairé pour la biodiversité chez le poissonnier. Des outils qui nécessitent tout de même l’utilisation d’un smartphone, un objet aux effets environnementaux et sociaux désastreux. Mieux vaut donc s’en passer ou essayer d’allonger au maximum sa durée de vie.
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